L'émigration algérienne au centre des relations algéro-françaises Jamais les rapports algéro-français n'ont connu un tel niveau de coopération et une telle hauteur des relations. Plus de 20 accords attendus et 15 ministres et secrétaires d'Etat accompagneront le Premier ministre Abdelmalek Sellal, demain à Paris, pour ouvrir une nouvelle et large page de la coopération entre les deux pays. En 50 ans d'échanges bilatéraux, c'est la première fois que Paris et Alger maintiennent une relation passionnée et sincère durant une si longue période. Généralement, les relations entre les deux pays étaient focalisés sur les échanges commerciaux et négligé les rapports politiques et de coopération. Mais depuis l'arrivée de François Hollande à la tête de la France, les relations avec l'Algérie se sont améliorées et ont été maintenues au stade de l'excellence durant plus de deux ans. En effet, jamais les relations entre les deux pays qui étaient perturbées par des affaires médiatiques, politiques et sécuritaires n'ont atteint un tel degré aussi élevé de la coopération. Même l'affaire Gourdel, qu'on pensait qu'elle allait replonger les relations des deux pays dans le froid, a au contraire renforcé les relations et la coopération entre les deux pays pour la lutte contre cette nouvelle menace: L'Etat islamique de l'Irak et du Levant. D'ailleurs, le nouvel ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, l'a confirmé dans un message dès la première semaine de sa prise de fonction: «Il nous appartient de poursuivre nos efforts afin de resserrer dans tous les domaines les liens entre la France et l'Algérie et de relever ensemble les défis communs auxquels nous sommes confrontés.» On est loin des agiotages du «Qui-tu-qui», de l'affaire Hassaine ou de Mecili. Même le dossier des moines de Tibhirine est en passe d'être réglé après la visite du juge Trévédic. Les querelles politiques et sécuritaires algéro-françaises sont partiellement évacuées. Reste la mémoire du passé et l'héritage de histoire commune qui poursuivra les deux pays mais qui demeure pour le moment conjointement partagée. C'est donc pour ouvrir une nouvelle page des relations algéro-françaises, que se tiendra à Paris le troisième comité intergouvernemental de haut niveau entre l'Algérie et la France. Ce comité vise à «donner une nouvelle dimension au partenariat» entre les deux pays, a ajouté le porte-parole du Quai d'Orsay. «Une vingtaine d'accords emblématiques pour le futur de notre coopération» seront signés. A cette occasion le Premier ministre Abdelmalek Sellal sera reçu par le président français François Hollande puis par le Premier ministre Manuel Valls. Des entretiens entre les ministres algériens et leurs homologues respectifs sont également au programme. Présenté comme le «rendez-vous annuel majeur de la relation bilatérale», ce comité a été instauré en décembre 2012, lors de la visite officielle en Algérie du président français en décembre de la même année, précise la même source.Depuis cette date, un véritable ballet diplomatique s'est installé entre Paris et Alger. En plus de la visite d'Etat du président français François Hollande en 2012, les deux Premiers ministres Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls ont déjà effectué des visites à Alger. A cela s'ajoutent les allers-retours incessants du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui entretient des relations plus qu'étroites avec son homologue algérien Ramtane Lamamra dont la plus récente rencontre était il y a quelques jours à Dakar à l'occasion du Sommet de la francophonie. Pour accentuer ce rapprochement inédit entre les deux pays dont la relation a toujours été passionnée, il fallait maintenir le cap des relations et des contacts par l'intermédiaire de personnalités importantes. C'est dans cette optique que Jean-Louis Bianco, représentant spécial du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, pour les relations avec l'Algérie, a été envoyé en visite à Alger, pour préparer le déplacement qu'effectuera en France le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Ces travaux du Comité intergouvernemental de haut niveau font suite à la tenue de la deuxième réunion du Comité mixte économique franco-algérien (Comefa) qui a eu lieu le 10 novembre à Oran et à l'occasion de laquelle a été inaugurée la première usine de montage Renault en Algérie. Le but de cette rencontre est d'élargir le champ de la coopération à de nombreux domaines. Pour sa part, le ministre de l'Industrie, Abdelssalem Bouchouareb, a indiqué que pas moins de 21 projets intéressant plusieurs secteurs ont déjà été examinés et un grand nombre d'entre eux sera signé en décembre prochain à Paris. Le ministre avait cité, dans ce sens, un accord pour la production de gaz industriel à Annaba, nécessaire pour le développement de la sidérurgie en Algérie et principalement pour les projets de la zone industrielle de Bellara, à Jijel. Il avait évoqué, par ailleurs, un projet dans le domaine de l'autorail à Annaba aussi, ainsi que des projets en matière de sous-traitance. A cela s'ajoute la venue de Michel Vauzelle, ancien ministre de la Justice sous Mitterrand et qui est venu en Algérie en tant que président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, sur invitation de l'Agence nationale de développement de l'investissement. Avec 4 millions d'Algériens en France et un marché de 40 millions de consommateurs en Algérie, les relations algéro-françaises sont plus que jamais fixées sur les échanges commerciaux. Autant de rapports et coordinations qui maintiennent la forte position de la France en Algérie.