La hausse record des prix du pétrole est une aubaine pour les pays exportateurs de pétrole, dont l'Algérie, qui continue à consolider ses réserves de change qui, d'après des experts, frôleraient les 40 milliards de dollars. A condition, bien entendu, que le niveau actuel des prix soit maintenu jusqu'à la fin du mois en cours. Un seuil jamais atteint depuis les deux dernières décennies et lié à plusieurs facteurs exogènes à l'organisation. L'impuissance de l'organisation des pays exportateurs de pétrole à juguler la flambée des cours et la menace terroriste qui pèse sur les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ajoutées aux actes de sabotage des installations pétrolières en Irak, sont les facteurs dopants du prix du brut. Pour la première fois depuis le début des échanges à New York en 1983, le prix du brut de référence américain a bondi jusqu'à 44,24 dollars, hier matin. Même chose pour le baril de Light sweet crude qui a atteint un record historique en clôture à 43,82 dollars. Quant au Brent de la mer du Nord, il n'est plus qu'à quelque cent près de ses records historiques, atteint en octobre 1990, à savoir 40,15 dollars. Une hausse vertigineuse des cours qui risquerait, à moyen terme, d'engendrer une sévère crise pétrolière. D'ailleurs, en l'état actuel des choses, même si l'Opep enclenche son mécanisme de régulation de la production, en fonction des variations de la fourchette des 22 et 28 dollars, rien ne changera dans l'immédiat, estiment les experts. Pour preuve, le prix du panier de l'Opep a atteint 39,04 dollars le baril lundi, le plus haut niveau jamais atteint depuis l'introduction de ce prix de référence en 1980. C'est un nouveau record. Le précédent record, de 38,94 dollars le baril, avait été atteint le 28 septembre 1990 lors de l'invasion du Koweït. Les pays exportateurs de pétrole, par la voix du président de l'Opep, Purnomo Yusgiantoro, estiment que «le cartel avait besoin de temps pour accroître l'offre de brut et contrecarrer la forte hausse des prix». Il a ajouté que la crainte d'attentats terroristes et les menaces sur la production de la société russe Ioukos, pesaient également sur le marché. Par ailleurs, même si l'Opep a déclaré le mois dernier qu'elle augmenterait sa production d'un million de barils par jour «à court terme» après une première hausse de 2,5 millions de barils par jour en juin, il n'en reste pas moins que les capacités excédentaires limitées de l'Opep - les plus basses depuis une décennie - ne permettent pas une brusque augmentation de la production dans l'immédiat. Pour sa part, l'Arabie Saoudite, premier producteur de pétrole dans le monde, considère par le biais de son ministre du Pétrole, qu'elle pourrait augmenter sa production, mais «elle aura besoin de temps». L'autre facteur favorable à la hausse des cours, c'est incontestablement les sabotages successifs des installations pétrolières en Irak. En effet, le sabotage a visé hier l'oléoduc du nord de l'Irak, reliant les champs de Kirkouk au port turc de Ceyhan. Face à cette situation, les pays consommateurs n'ont d'autre choix que de se rabattre sur les pays hors Opep qui, comme à chaque fois, sont à l'origine de la perturbation des cours, en défaveur, bien sûr, des pays exportateurs.