Le prix du baril a grimpé jusqu´à 65,53 dollars, son niveau le plus élevé depuis le 3 octobre. Va-t-on assister dans les tout prochains jours à une envolée des prix du pétrole? Une nouvelle crise pétrolière est-elle imminente? Une éventualité à ne pas écarter, en raison des nouveaux développements sur la scène internationale. Le dossier du nucléaire iranien et les violentes attaques contre le groupe pétrolier Shell au Nigeria, ce qui a interrompu la production à hauteur de centaines de milliers de barils de pétrole par jour, ont «dopé» les cours du brut dans les principaux marchés internationaux. Les prix étaient, hier, à leur plus haut niveau depuis plus de trois mois. A New York, le cours du brut pour livraison en février est repassé au-dessus du seuil de 65 dollars qu´il avait brièvement atteint la semaine dernière. Il a grimpé jusqu´à 65,53 dollars le baril, son niveau le plus élevé en séance depuis le 3 octobre. Quant au pétrole brent, de la mer du Nord, à Londres, il a atteint 64,28 dollars, son meilleur niveau depuis le 29 septembre. «Les cours sont plus élevés car la reprise du programme d´enrichissement d´uranium en Iran et les problèmes de production au Nigeria continuent d´inquiéter», expliquent les analystes. La hausse de la consommation en Chine et aux Etats-Unis devrait entraîner une augmentation de 2,2% de la demande mondiale de pétrole en 2006, après une hausse de 1,3% en 2005, estime l´Agence internationale de l´énergie (AIE) dans son rapport mensuel publié, hier. La prévision d´une hausse de 1,8 million de barils par jour de la demande par rapport à 2005 est inchangée au regard du rapport précédent de l´AIE, Agence qui conseille 26 pays industrialisés. En théorie, l´augmentation des capacités au sein et hors de l´Organisation des pays exportateurs de pétrole devrait plus que compenser la hausse de la demande, mais les cours du pétrole continuent d´augmenter en raison de perturbations de la production au Nigeria, de menaces sur les exportations iraniennes et d´interrogations sur la hausse de l´offre. Une aubaine pour les pays exportateurs de pétrole, notamment l'Algérie, qui consolidera ses réserves de change, estimées actuellement à prés de 60 milliards de dollars. En retour, les investisseurs craignent qu´une implication de l´ONU dans le dossier iranien, ne conduise à des sanctions économiques contre l´Iran, auxquelles Téhéran pourrait répliquer en interrompant ses exportations de pétrole, un scénario synonyme de flambée des prix à de nouveaux records historiques, d´après les analystes. L´Iran, deuxième pays exportateur de pétrole après l'Arabie Saoudite, exporte environ 2,7 millions de barils par jour de brut, principalement vers l´Asie et l´Europe. A cela, s´ajoutent les problèmes au Nigeria où on craint que la sécurité ne se détériore dans ce pays. Le Nigeria est le huitième exportateur mondial de brut. Surtout, il exporte du brut léger et peu soufré, une qualité très prisée car plus facile et moins chère à raffiner. Enfin, le rapport mensuel de l´Agence internationale de l´énergie (AIE) publié mardi, a ravivé les inquiétudes sur la vigueur de la demande mondiale, qui fait craindre un manque de production sur le marché. "Le rapport de l´AIE suggère qu´une demande américaine plus élevée et un rebond de la croissance de la demande chinoise vont gonfler la consommation mondiale en 2006 et accroître la dépendance envers les capacités excédentaires de production de l´Opep", estiment des experts. L´AIE table sur une croissance de 2,2% de la demande mondiale en 2006, contre 1,3% en 2005. Les capacités excédentaires de l´Opep sont inférieures à 1,5 mbj, ce qui laisse peu de marge au marché en cas de problème grave dans un pays producteur. Par ailleurs, dans son rapport l'Aie relève que, l´offre mondiale a été réduite de 90.000 bpj à 83,3 millions en conséquence de la baisse de la consommation aux Etats-Unis après le passage des cyclones Katrina et Rita. L´offre non Opep a été inférieure aux anticipations ces deux dernières années, stagnant autour de 50 millions de bpj. Pour cette année, l´AIE prévoit prudemment une hausse de 1,3 million de bpj de l´offre non Opep, tandis que l´Opep devrait pouvoir fournir un million de bpj supplémentaires. A noter que le cartel a révisé en hausse sa prévision pour la demande de pétrole Opep à 28,6 millions de bpj, soit 200.000 de plus qu´en 2005.