Ce premier long-métrage est une fresque sociodramatique criante sur la réalité de notre environnement. Dans un pays sans relève ni école cinématographique, Djigouadi Rochd fait l'exception. Contrairement aux autres cinéastes, producteurs et réalisateurs partis vivre sous des cieux plus cléments, ce dernier, après être parti en France s'instruire au métier de l'audiovisuel et ce, par ses propres moyens faut-il le noter, rentre en 1992 en pleine effervescence islamique au pays, pour tenter de partager ses connaissances et son expérience. Le cinéma algérien dès lors, connaissait, lui aussi, sa descente aux enfers... Bon gré, mal gré, Rochd commence sa carrière en tant qu'assistant du réalisateur de Tranches de vies qui était diffusée à la télé en 1996. Après un premier documentaire intitulé Bilal primé en 2000, au Ficts (Festival international du cinéma et télévision sportifs) et de nombreuses participations comme producteur exécutif sur différents documentaires, Rochd le téméraire, est sur le point de réaliser son premier long-métrage Les ailes brisées. Rochd Djigouadi se rappelle «le premier reportage qu'on avait fait pour l'émission Tranches de vies avait trait à l'une des décharges du pays. Yahia Ben Mebrouk qui était l'invité à l'époque, s'était demandé interloqué, comment un tel sujet n'a pu intéresser aucun cinéaste. Cela a fait tilt dans ma tête». Voilà quelques années après, Rochd se met à écrire le scénario. Il rencontre par la suite Moh KG2 avec qui il coécrit le scénario qui au départ, s'intitulait Mehdi. Après l'avoir déposé en juin 2003 à la commission nationale de lecture au niveau du ministère de la Culture, il est approuvé quatre mois plus tard et bénéficie de l'aide du Fdatic (Fonds du développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographiques). Cette subvention se situe entre 5 à 7 millions de dinars. Suite à cette réponse positive, M.Djigouadi entame diverses démarches à la quête de coproducteurs. Avec l'appui du réalisateur de Tranches de vies Rachid Ben Allal, le film reçoit le 29 juillet soit à 2 jours de la décision du roi du Maroc Mohammed VI de supprimer le visa aux Algériens, une lettre de la part du Centre cinématographique marocain où il est établi un projet de protocole d'accord permettant au jeune cinéaste de jouir du laboratoire du centre en termes de post-production et de bénéficier ainsi de toutes les fournitures nécessaires pour le montage. Un signe fort de coopération qui témoigne de l'importance qu'accorde le pays voisin à ce film. Quant à l'Algérie, la télévision nationale est en passe d'adhérer au projet. C'est en bonne voie, nous assure-t-on. Une coproduction que le jeune cinéaste espère vivement car, dit-il franchement, «la télévision nationale est l'une des structures qui ont permis au cinéma algérien de ne pas mourir, de revivre...». En butte à des problèmes financiers, Rochd Djigouadi est en quête de sponsors à même de l'aider à produire le film. Figurent en tête de liste: Sonatrach et la fondation Déserts du monde. Cette dernière, par le biais de son président Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement, a envoyé au cinéaste et producteur (Ciel Communication) une lettre de félicitations pour «la qualité du scénario largement reflété par le synopsis qui lève le voile très subtilement, très intelligemment, sur ce monde parallèle que sont nos décharges...», et ce, grâce à ces trois ingrédients, «piliers du développement durable», à savoir «le social, l'économique et l'environnemental...». Sans décliner l'histoire de Les ailes brisées, Rochd Djigouadi confie: «C'est un film très dur, à caractère sociodramatique avec en final, une note d'espoir». En substance, c'est l'histoire d'un jeune garçon, adopté qui veut s'en sortir et par là même aider son père à connaître une vie meilleure... Un film d'auteur qui mérite d'être soutenu. Outre sa passion, le cinéma, Rochd Djigouadi s'adonne à une autre forme d'écriture. Son premier roman, il aura pitié de nous, paraîtra au mois de septembre, aux éditions Chihad.