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Le cinéma arabe va-t-il l'emporter?
JCC 2014
Publié dans L'Expression le 07 - 12 - 2014


Scène du film Before Snowfall
Le Prix Fipresci (parallèle) de la compétition fiction internationale a été décerné, vendredi, à l'émouvant Before Snowfall du Norvégien d'origine kurde, Hisham Zaman.
En attendant de connaître le palmarès suprême, celui qui consacrera le meilleur film du prix Tanit d'or (dévoilé hier soir au théâtre municipal), la remise des prix spéciaux des 25es Journées cinématographiques de Carthage (JCC) a eu lieu vendredi dernier à l'hôtel Africa de Tunis. Nonobstant les autres prestigieux prix, notre attention, s'est portée grandement sur le Prix Fipresci de la compétition fiction internationale à savoir Before Snowfall du Norvégien d'origine kurde Hisham Zaman. Pourquoi la Fédération internationale de la critique cinématographique a-t-elle plébiscité ce film sur l'ensemble des longs métrages proposés? Vite! Faut le voir!
Direction: le deuxième étage de l'hôtel Africa pour se rabattre à la salle de visionnage. Car ici les copies de tous les films en compétition sont disponibles. On peut se rattraper si on les a ratés en salle. L'avantage? Point de bousculade et de bruit. L'on est seul face à l'écran et nos écouteurs. Et bien sûr, la télécommande. Chouette non? L'écran quant à lui n'est pas aussi grand que celui de la salle de cinéma. Mais le plasma est pas mal non plus. Bref, plongeons-nous dans ce mélo irakien qui va nous scotcher et nous bouleverser jusqu'à la dernière minute. Le synopsis? Before Snowfall suit Siyar, qui recherche sa grande soeur, cette dernière ayant fui son petit village du Kurdistan irakien pour éviter de se marier. Leur père étant désormais décédé, c'est à Siyar de la ramener et restaurer l'honneur familial.
À Istanbul, il fait la rencontre d'une fille qui va l'accompagner dans son parcours à travers la Grèce, l'Allemagne et la Norvège. Voici le résumé de ce road movie qui d'apparence aurait pu prendre des allures bon enfant, si ce n'est la charge émotionnelle et la captivante façon de dérouler les évènements, qui en fera un film des plus envoûtants.
La force psychologique dans ce long-métrage réside dans l'évolution du personnage qui, au fur et à mesure qu'il avancera dans le film, apprendra à sonder la part d'humanité qui est en lui, en cohabitant avec cette fille de son âge.
En se liant d'amitié avec cette fille, lui, l'enfant d'un village perdu ployé sous le poids des traditions moyenâgeuses, Siyar, éprouvera au final de l'affection pour cette fille et se sentira presque son protecteur. Before Snowfall, c'est avant tout la trajectoire de deux âmes esseulées dont le destin fera en sorte de les faire croiser pour ne plus se lâcher quasiment.
L'un veut retrouver sa soeur et la tuer donc et l'autre veut retrouver coûte que coûte son père à Berlin.
Après maintes péripéties, entre émigration clandestine, course poursuite et vagabondage, le garçon est obligé d'aller à Oslo où sa soeur y est à nouveau refugiée. A Berlin, la rencontre de la jeune fille avec son père ne se passe pas très bien. Ce dernier nie être son père. Rebondissement dans le film.
La fin tragique que l'on ne racontera pas, viendra sceller le pacte de ces traditions séculaires qui ont la peau dure dans certaines contrées où le mariage forcé fait rage. Car c'est de ça dont il est question dans ce film, de sacrifices et de dégâts irrémédiables que la pression sociale et religieuse entraînent.
Au-delà des bons sentiments que le sujet mille fois rabâché, semble susciter, il est à signaler l'extraordinaire mise en scène et la vivacité du scénario qui vous plongent dans les abysses de ce voyage qui se terminera mal pour les uns.
On n'omettra pas de souligner la grandeur de ces images dont la beauté renversante des paysages panoramiques et ces plans de la neige qui sont de réelles partitions cinématographiques.
Before Snowfall croit-on, a, en tout cas, toutes ses chances d'emporter un prix. Tout comme le film égyptien Decor de Ahmad Abdallah un véritable plaidoyer et d'amour pour le cinéma égyptien dit classique et surtout pour le cinéma tout court, d'autant qu'il est tourné en noir et blanc et ses mises en abîmes qui mettent en scène des correspondances entre passé et présent, tout en liant imaginaire et fiction est une méthode assez originale à laquelle le réalisateur s'est adonné en réussissant son coup haut la main. Un beau film où l' un des acteurs principaux n'est autre que le comédien Khaled Abou Naga, star humble du grand écran d'Oum Edounia qui a enchanté cette année les JCC. Autre film qui mérite un prix est le jordanien Dheeb de Naji Abou Nowar.
Un film que l'on qualifierait de western arabe, malgré son temps immémorial. Cela a lieu en fait dans la province ottomane du Hijaz, durant la Première Guerre mondiale, un jeune bédouin entame un périlleux voyage dans le désert pour guider un officier britannique vers une destination secrète, il est alors amené à devenir adulte plus vite que prévu. Cette caravane est vite interceptée par des contrebandiers. Au final, tout le monde meurt et ne restera que le jeune enfant Dhebb à faire face à la rudesse du désert et puis à la malice de l'ennemi, cet homme qui le prendra par la suite sur le dos de son chameau.. Cet homme est celui qui a tué son frère.
Le film met en scène la bravoure d'un enfant qui sera amené à se responsabiliser vite, en se confrontant à d'innombrables situations et apprendre la patience et l'assurance de soi. Autre film qui mérite bien un prix ce serait enfin El Wahrani bien sûr, de Lyès Salem pour la singularité et la pertinence du traitement du sujet, son audace politique affichée, mêlée à de la fantaisie scénaristique, bref un film où tous les ingrédients pour faire un bon film sont réunis, autrement émotion et distraction sans s'éloigner du sérieux de l'histoire et ses vérités mises à nu.


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