«Les responsables marocains sont toujours malintentionnés quand leurs intérêts sont en jeu.» Dans le cadre de la semaine de solidarité avec le peuple sahraoui organisée conjointement par la ville d'Alger et la ville d'El Ayoun, des portes ouvertes sur l'expérience algérienne en matière de lutte contre la drogue ont été organisées hier au Centre des loisirs scientifiques à Alger-Centre. Plusieurs personnalités politiques de la République sahraouie dont le chef du gouvernement et l'ambassadeur de la Rasd à Alger ont pris part à la manifestation. Une manifestation hautement symbolique quand on sait la position de l'Algérie vis-à-vis du problème sahraoui et sachant pertinemment que le Maroc est le principal fournisseur de cannabis et de hachich du Bassin méditerranéen. Abordé en aparté, l'ambassadeur de la République sahraouie salue vivement la manifestation organisée en indiquant que l'initiative entre dans le cadre des échanges aussi bien culturels, économiques que politiques entre les des deux pays. Interrogé sur la dernière «sortie» du Maroc concernant la suppression des visas, Son Excellence l'ambassadeur de la Rasd à Alger n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Pour lui, il n'y a aucun doute, «la décision soudaine du Maroc de supprimer le visa pour les Algériens est en relation directe avec la hausse des prix du pétrole». D'après le représentant de la Rasd à Alger, le Maroc, qui débourse actuellement plus de trois milliards de dollars pour son carburant, ne peut plus y faire face, alors, il a décidé d'ouvrir ses frontières pour encourager la contrebande et ce sont les Algériens qui paieront, à la fin la facture. «Ce sont des gens machiavéliques», martèlera l'ambassadeur de la Rasd en indiquant que le «tapage médiatique, qui a eu lieu au sein du royaume chérifien à propos de cette suppression de visa, ne vise en réalité qu'à tenter de forcer la main aux Algériens». «Les responsables marocains sont toujours malintentionnés quand leurs intérêts sont en jeu», dira l'ambassadeur en affirmant que la décision unilatérale de supprimer le visa a été décidée parce que le Maroc, en proie à de sérieux problèmes économiques, a besoin impérativement d'une solution de rechange. «Ce sont de véritables trabendistes en politique», conclut l'ambassadeur de la Rasd. A noter qu'une exposition de photos retraçant les causes qui poussent les jeunes vers la drogue ainsi que la lutte contre ce fléau a été organisée à l'étage du Centre des loisirs scientifiques. Un exposé a été présenté par le président du conseil national des associations pour la sauvegarde de la jeunesse sur l'état psychologique des drogués qui basculent par la suite dans la criminalité. Cependant, il est utile de signaler par ailleurs, d'après un rapport établi par les Nations unies, que le Maroc, à lui seul, cultive quelque 124.000 ha de cannabis. Une fois «exporté» ce cannabis rapporte au royaume chérifien quelque 12 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Les quantités énormes de drogue saisies sur la frontière algéro-marocaine régulièrement par les gardes-frontières algériens renseignent sur l'ampleur du phénomène ce qui vise directement notre pays, puisque, s'il n'y avait pas de drogue sur le marché, il n'existerait pas de drogués. A cet effet, les saisies ont atteint, en 2002, 6,110 t de résine de cannabis et 8,098 en 2003. Une hausse tout de même assez significative en comparaison des années précédentes où 4,826 t ont été saisies en 2001 et 4,452 en 1999. Si le Maroc n'est pas vraiment en conflit direct avec notre pays, il n'en demeure pas moins qu'en détournant le regard sur les cultivateurs de narcotiques, il est responsable, du moins sur le plan moral, des familles, disloquées en Algérie à cause de ce fléau qui a déjà fait des centaines de victimes à travers le territoire national.