La police marocaine est intervenue brutalement, avant-hier, à Rabat pour réprimer les étudiants sahraouis qui ont manifesté en solidarité avec les victimes des émeutes d'El Ayoun en scandant des slogans indépendantistes. Bilan de cette répression qui a eu pour cible les campus Souissi I et Souissi II de l'université de Rabat : des dizaines de blessés et plus d'une quinzaine de disparus, selon des sources locales. Les étudiants ont dressé la liste de dix de leurs compatriotes blessés au cours de ces affrontements, ayant occasionné également la disparition de plus de trente personnes, soumises à l'heure actuelle à la torture et aux interrogatoires dans les locaux de la Direction de la sécurité du territoire (DST), selon la même source. Par ailleurs, des intimidations contre particulièrement les activistes sahraouis des droits de l'homme à El Ayoun, capitale du Sahara-Occidental, se poursuivent toujours, selon Aminatou Haidar, activiste sahraouie des droits de l'homme qui craint une escalade imminente dans la répression. Deux activistes sahraouis des droits de l'homme, qui étaient rassemblés devant le tribunal d'El Ayoun, ont été arrêtés hier, selon elle, par les forces marocaines qui ont quadrillé tous les quartiers où ont lieu la semaine dernière des manifestations anti-marocaines. Elle soutient que la ville de Matellah se trouve toujours assiégée par des policiers marocains empêchant tout entrée ou sortie des familles sahraouies. Plus de 400 gendarmes ont été amenés vendredi dernier en renfort de la base de Ben Guerrir (près de Marrakech), selon elle. Les autorités coloniales marocaines, selon un ancien prisonnier sahraoui qui a été intimidé vendredi dernier par le Groupement urbain de sécurité (GUS), « veulent se venger sur les activistes sahraouis des droits humains après les derniers événements d'El Ayoun, partant du rôle méritoire qu'ils jouent pour démasquer les violations de ces droits dans les territoires occupés par le Maroc ». Mme Aminatou a exprimé sa déception vis-à-vis de l'ONU présente sur place à travers la Minurso, qui observe, selon elle, « un silence complice indigne d'une organisation internationale censée défendre des valeurs universelles, inscrites dans sa Charte, comme les droits de l'homme et des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Elle compte organiser un sit-in avec ses compatriotes devant cette organisation pour dénoncer son silence face aux exactions que continue de subir la population sahraouie. Par ailleurs, une enquête judiciaire a été ouverte, hier, à El Ayoun, capitale du Sahara-Occidental, à la suite des manifestations sahraouies qui se sont déroulées la semaine dernière dans cette ville.