Fares al-Zahrani est un des plus importants idéologues, réputé proche de Ben Laden. La nébuleuse terroriste que contrôle Ben Laden, même si elle multiplie les menaces précises contre les pays occidentaux, notamment ceux qui sont membres de la coalition, n'en mène pas large. Ainsi, la dernière arrestation, spectaculaire, opérée en Arabie saoudite, a-t-elle été fortement ressentie dans les rangs de cette organisation qui risque fort de ne plus s'en remettre dans l'un des bastions de Ben Laden, l'Arabie saoudite en l'occurrence. La dernière arrestation d'un terroriste d'Al-Qaîda en Arabie saoudite a de quoi réjouir les autorités de Riyad: Farès al-Zahrani, interpellé sans violence jeudi soir, avait tourné en dérision l'offre d'amnistie du roi Fahd, qui a expiré le 22 juillet. Al-Zahrani, âgé de 27 ans, est considéré comme l'un des idéologues les plus importants de la branche d'Al-Qaîda en Arabie saoudite, qui a lancé une vague d'attentats et de prises d'otages au printemps dernier. Il portait le numéro 12 sur la liste des terroristes les plus recherchés publiée par le gouvernement saoudien en décembre 2003. Après son arrestation, 11 hommes sur les 26, deux Marocains et neuf Saoudiens, restent encore en liberté. Six hommes ont profité de l'offre royale de pardon, dont un seulement figurait sur la liste. Farès al-Zahrani a été arrêté, selon la police, dans un parc près de la ville d'Abha, dans le Sud, à la suite d'une dénonciation et d'une course-poursuite qui aurait duré plusieurs heures. Un deuxième suspect, dont le nom n'a pas été communiqué, a été appréhendé. Comme d'autres militants d'Al-Qaîda dans le royaume, Al-Zahrani est un produit de l'enseignement religieux officiel. Il a fait ses études à la branche d'Abha de l'université islamique Imam-Mohammed-ibn-Saoud. La campagne de répression de l'Arabie Saoudite contre ses islamistes armés a connu une accélération après les attentats contre des complexes résidentiels à Riyad en mai 2003, dans lesquels des étrangers et des Saoudiens ont été tués. En tout, les explosions, les assassinats et les enlèvements suivis d'assassinats ont fait près de 90 morts et des centaines de blessés. Réalisant que son pouvoir était menacé, la famille royale saoudienne a déclaré la guerre aux extrémistes armés, et finit par marquer des points. Le 18 juin, les forces de sécurité ont tué le chef d'Al-Qaîda Abdelaziz Al-Moqrine, qui venait de revendiquer la décapitation de son otage américain, Paul Johnson. Les attentats s'étaient aussitôt arrêtés. Mais la crainte d'un retour d'Al-Qaîda a ressurgi avec le meurtre mardi d'un ingénieur irlandais, Anthony Higgins, dans son bureau de Riyad. L'assassinat n'a pas été revendiqué. Le gouvernement penche pour un acte crapuleux, mais la mort de l'ingénieur n'avait hier toujours pas été élucidée. Depuis les attentats de Riyad, le régime wahabite, avec l'aide discrète mais efficace des Américains, mène une lutte sans merci contre les nébuleuses terroristes mises en place par Ben Laden du temps où il était lui-même un riche et noble sujet, choyé par la Cia, quand il fallait lutter contre le «Satan communiste» venu déranger les «futurs» talibans.