Le roi du Maroc est acculé de toutes parts. Les déclarations se multiplient contre le projet des autorités marocaines d'inclure le conflit du Sahara occidental dans des négociations bilatérales. C'est une fin de non recevoir que vient de signifier avec insistance le chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, reformulant ainsi la constance de la position de l'Algérie et le rejet de toute solution politique plaidée par la partie marocaine. Le règlement à l'amiable entre voisins n'est pas vu d'un bon oeil par les autorités algériennes qui préfèrent s'en tenir à la résolution 1514 de l'Assemblée générale des Nations unies de 1960 qui affirme le droit de tout peuple vivant sous domination étrangère à disposer de lui-même. Cette position défendue bec et ongles par le président, notamment dans sa lettre envoyée récemment à Kofi Annan a été réitérée, ce samedi par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui recevait Abdelkader Taleb Oumar, Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), en visite à Alger dans le cadre de la semaine de solidarité avec le peuple du Sahara occidental, organisée par l'Assemblée populaire communale (APC) d'Alger Centre et le comité national de solidarité avec le peuple du Sahara Occidental, Ahmed Ouyahia a réitéré «le soutien indéfectible de l'Algérie au droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Il s'est félicité «de cette tradition de contacts réguliers à tous les échelons, permettant ainsi de renforcer les relations entre les deux pays et de développer la coopération et la concertation». De son côté, le Premier ministre de la Rasd a exprimé, au nom de son gouvernement et de la direction du Front Polisario, «sa profonde reconnaissance et ses remerciements aux autorités et au peuple algériens, pour leur soutien constant à la cause du peuple du Sahara occidental, et pour les différentes formes de solidarité et de coopération dont il a toujours bénéficié». Cette position qui a le mérite d'être claire et sans équivoque, trouve un écho favorable auprès d'une audience internationale soucieuse du respect de la légalité et fortement sensible au cas sahraoui. C'est ainsi qu'une véritable chaîne de solidarité s'est constituée pour défendre le droit légitime du peuple sahraoui à l'autodétermination et la préservation de son patrimoine naturel. La porte-parole de la coalition internationale pour la protection des ressources naturelles du Sahara occidental (Cuorebsi), avait dénoncé les activités entreprises par la société norvégienne Fugro spécialisée dans l'analyse de données sismiques qui avait achevé en juin 2004 des études sismiques pour la prospection pétrolière le long du littoral sahraoui pour le compte d ‘une compagnie américaine. La militante a estimé que ces prospections sont «éthiquement irresponsables, politiquement inappropriées et juridiquement douteuses». La société en question, ayant apparemment reçu le message a décidé de «prendre scrupuleusement en considération les aspects politiques et éthiques avant d'entreprendre une éventuelle nouvelle activité dans les territoires sahraouis occupés». Le P-DG de la firme Fugro a instruit ses filiales de le consulter pour toute «offre ou éventualité de nouveau contrat concernant le Sahara occidental». La Ciprenso qui regroupe des représentants du mouvement associatif de Norvège, de Grande Bretagne, de France et de Hollande mène une campagne internationale contre les compagnies impliquées dans l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental. L'association a déjà fait barrage à l'activité d'autres firmes l'année dernière à l'instar d'une compagnie transnationale néerlandaise (TGS-Nopec) en l'obligeant à renoncer à effectuer des études sismiques au large des côtes sahraouies. L'élite espagnole de son côté n'est pas restée les bras croisés. Elle a pondu une sorte de manifeste dans lequel elle exhorte les autorités ibériques à cesser de pratiquer la politique de l'autruche en ayant une position franche et péremptoire. Les auteurs du document composé de l'intelligentsia demandent à Zapatero d'opter pour un «choix clair et univoque» en faveur de l'application du droit international dans le conflit du Sahara occidental. «on ne peut pas se situer dans une position équidistante entre l'agresseur et la victime», argumentent-ils. Les signataires réclament également à leur gouvernement «d'user de ses bons offices en vue du règlement, dans le cadre approprié, d'un conflit que l'Espagne (ancienne puissance coloniale) a provoqué à la suite des accords de Madrid et qu'elle doit contribuer à résoudre». Le document met l'accent sur La nécessité de consolider une ligne politique qui, en accord, avec les résolutions des Nations unies «fasse prévaloir la justice sur l'illégalité et le droit international sur la force». Face au concert de voix synchronisées qui s'élèvent contre l'attitude belliciste du royaume chérifien, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il se trouve dans une mauvaise posture. S'il ne fait pas amende honorable, il risque d'être complètement isolé. Il n'a d'autre choix que de composer avec la nouvelle donne, laquelle pour une fois penche pour la légalité.