Le président sahraoui a jugé «figée et intransigeante» la position du roi du Maroc qui s'agrippe encore au projet dit «d'autonomie pour le Sahara». La polémique s'engage derechef entre le chef du Polisario et le roi du Maroc. Le discours de Mohammed VI, prononcé, lundi dernier, à Tanger, à l'occasion du 8e anniversaire de son intronisation, a carrément remis en cause le dialogue de paix engagé, à Manhassat (New York), entre les deux parties au conflit. En réponse au roi qui s'agrippait inlassablement au projet dit «d'autonomie», le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a qualifié, hier, la position de Sa Majesté de «figée et intran-sigeante». Le roi du Maroc Mohammed VI avait déclaré, lundi, que «l'autonomie représentait l'ultime solution pour régler le conflit du Sahara occidental». Ou encore: «La solution (...) à ce conflit artificiel est le projet d'autonomie consensuel sous la souveraineté du Maroc et rien d'autre que ce projet d'autonomie». C'est le retour à la case départ. Mais quelle mouche a donc piqué Sa Majesté, en ce moment surtout de préparatifs du deuxième round des négociations? Cette seconde partie du feuilleton de dialogue est prévue pour le 10 août prochain. Le président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, n'a pas tardé d'une minute pour répondre au roi du Maroc, soulignant que ce dernier «vient de confirmer, à la veille du deuxième round des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc, une position, on ne peut plus figée et intransigeante concernant le conflit du Sahara occidental». Peter Van Valsum, représentant de Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, aura, sans doute, trop de mal pour convaincre les Marocains à se conformer à la feuille de route onusienne. Celle-ci, votée le 30 avril dernier par le Conseil de sécurité, stipule que le secrétaire général de l'ONU est appelé à réunir les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, autour d'une table de négociations aux fins de parvenir à une «solution politique mutuellement acceptable», mais qui repose sur le principe de «l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Cette fois-ci encore, le Maroc veut conduire les négociations vers l'impasse, voire même un échec. Le Maroc propose l'offre, dite «d'autonomie», qui envisage de donner aux Sahraouis «le contrôle sur leurs affaires grâce à des institutions législatives, exécutives et judiciaires», dans le cadre de la souveraineté marocaine. Laquelle offre a été, toutefois, complètement écartée de la mise par le Conseil de sécurité de l'ONU, dans sa résolution 1754. Le Front Polisario, seul représentant du peuple sahraoui a, quant à lui, réitéré avec la dernière énergie «le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Mohamed Abdelaziz a déclaré, hier, que le roi du Maroc «veut s'arroger le droit de fixer unilatéralement les règles du jeu en imposant le cadre et la finalité des négociations» alors que «l'Onu avait appelé à des négociations sans préalables». Une réplique tout à fait logique à l'adresse de Sa Majesté. Le président sahraoui ajoute que ce que propose le roi du Maroc «est un diktat que le peuple sahraoui ne saurait accepter ni aujourd'hui, ni demain». Et de préciser que lequel «diktat vise à pervertir un processus de décolonisation, à imposer une parodie de solution négociée et à transformer les Nations unies en une simple chambre d'enregistrement». C'est la guerre des mots qui met le restant du dialogue sur une piste incertaine. Le Maroc n'a, en tout cas, manifesté aucune bonne volonté pour régler le différend lors du premier round, tenu les 18 et 19 juin dernier sous l'égide de l'ONU. Il faut dire que l'offre de l'autonomie marocaine commence bel et bien a faire des dégâts à l'intérieur du Royaume. Le mouvement pour l'autonomie du Rif vient d'annoncer sa naissance. C'est l'effet boomerang de la politique marocaine, tandis que dans les salons onusiens, le dialogue de paix est sérieusement hypothéqué.