La gymnastique est une discipline qui procure souvent des médailles à l'Algérie dans les compétitions continentales. La preuve en a été donnée lors des Jeux africains organisés à Alger au mois de juillet 2007. Les Algériens ont découvert au décompte final le poids que peut constituer cette discipline. Nulle raison de parler d'une sous-discipline. La gymnastique faisait partie des sports sur lesquels s'est appuyée l'Algérie pour surclasser l'Egypte. Cela devrait être suffisant pour rendre à ce sport la valeur qui est la sienne. Mais rien ne semble pousser les autorités à valoriser un sport qui n'en demande pas trop. Juste le nécessaire. Si plusieurs sports souffrent du fait d'être catalogués comme étant des sous-disciplines, il y a, cependant, des faits qui ne trompent pas. Manifestement, la gymnastique livre le constat le plus limpide quant au manque de soutien et d'appui de la part des pouvoirs publics pour certaines disciplines. Ce n'est pas tant la faute à ces sports. Bien au contraire, les populations s'intéressent davantage et de manière constante à la gymnastique, mais, quand les moyens viennent à manquer, il ne restera aux pratiquants que la renonciation et la démission. Pas par gaieté de cœur, mais plutôt la mort dans l'âme. La valorisation d'une discipline est loin d'être une prérogative de l'instance ayant en charge une discipline quelconque. Renverser la donne en matière d'adhésion des gens, des médias, des sponsors est du ressort des pouvoirs publics. Ces derniers doivent œuvrer pour que de nouvelles réglementations favorisent l'émergence des sports de l'ombre. Il est temps décidément d'accorder plus de considération à ces sports qui éduquent le futur citoyen en lui inculquant les vraies valeurs de l'humanité. Même si cela devait passer par une remise en cause de ce qui est en vogue actuellement où des associations sportives dévorent l'argent du contribuable sans la moindre utilité publique. Si des disciplines, aujourd'hui, souffrent en matière d'encadrement, ce n'est nullement les mécanismes de formation dans les instituts spécialisés qui font défaut. Mais c'est le fait que des disciplines, à l'image de la gymnastique, n'attirent pas pour la simple raison que la rémunération est jugée faible. Il est urgent, donc, de se pencher sur ces disciplines qui ont besoin plus que jamais de moyens financiers pour pouvoir se doter d'un encadrement technique qui réunit de véritables compétences. Les disciplines en question vivent des situations défavorables : elles évoluent dans un cadre très restreint, ce qui se répercute sur le niveau et la compétitivité des athlètes. Ces derniers, quand bien même ils seraient armés d'une volonté farouche pour aller plus loin dans leurs carrières, font souvent face à des difficultés énormes. Résister et continuer à travailler dans de tels environnements relèvent plutôt de la gageure. La raison en est simple : les chances de succès sont quasiment insignifiantes, d'où le choix douloureux de renoncer. Les possibilités de succès dans la vie professionnelle sont tellement minimes que beaucoup de jeunes évitent des formations spécialisées dans ce genre de disciplines. Ils préfèrent, généralement, le football, le handball, le volley-ball, là où les autorités n'hésitent pas à débloquer des enveloppes financières. Les fédérations de ces disciplines n'ont plus de temps à perdre. L'état des lieux exige d'elles une militance pour plus de considération pour les disciplines qu'on veut garder à la catégorie des mineurs. Des salaires conséquents pour les formateurs au sein des clubs ? Pourquoi pas ? Des autorités politiques le font pour les fonctionnaires de la région sud où les conditions de travail sont dures et, par conséquent, la demande demeure faible. Le remède consiste à payer des entraîneurs de façon conséquente et de donner des perspectives aux athlètes du moment. «Il est impensable de voir un jeune qui vient d'obtenir son baccalauréat suivre des études dans ces disciplines de l'ombre quand il sait à l'avance qu'un diplômé en football percevrait trois fois plus que son salaire», explique un étudiant dans l'Institut de l'éducation physique et sportive de Dely Brahim à Alger. Il faudrait, donc, des mesures de motivation pour ces disciplines. Une motivation qui devrait s'articuler sur des textes réglementaires avant de compter sur le poids des disciplines au sein de la société. S'il est incontestable que le football, notamment, est mobilisateur de grandes foules, il n'en demeure pas moins vrai que ce sport n'accomplit plus sa mission pédagogique et sociétale. Il est, paradoxalement, le carrefour de toutes les déraisons qu'accumulent les institutions et les populations. Il suffit donc de revoir le mode d'organisation des instances et de réduire les disparités existant dans le financement des sports pour espérer voir les choses changer dans le bon sens. Il est invraisemblable d'exiger des performances pour des disciplines qui ne bénéficient que de faibles enveloppes au moment où des sports sont submergés d'argent sans que cela génère des satisfactions. Quand le nerf de la guerre est accaparé par le rectangle vert, il est insensé d'attendre des performances sur un ring complètement abandonné. A. Y.