Les avocats de la défense, d'après leurs récentes déclarations, sont plutôt optimistes et confiants. C'est aujourd'hui que le procès en appel du directeur du quotidien Le Matin devrait s'ouvrir à la cour d'Alger. Incarcéré à la maison d'arrêt d'El Harrach, depuis le 14 juin dernier, Benchicou est accusé, pour rappel, de «transfert illégal de capitaux et d'infraction à la réglementation des changes». Condamné à deux ans de prison, au moment où le procureur de la République avait requis cinq années, la condamnation avait suscité beaucoup de colère au sein de la corporation journalistique qui avait crié «au règlement de comptes», particulièrement après la publication du livre de Mohamed Benchicou Bouteflika, une imposture algérienne et ce, à la veille des élections présidentielles. Depuis, un vaste mouvement de solidarité a vu le jour spontanément et des actions ont été menées par le comité de soutien installé au lendemain de l'incarcération du directeur du Matin exigeant la libération de ce dernier et celle de Ghoul Hafnaoui, journaliste correspondant incarcéré pour sa part le 23 mai à Djelfa. Les déboires du directeur du Matin ne s'arrêteront pas là, puisque après la suspension de son journal le 23 juillet dernier, c'était au tour, avant-hier, de son site Internet de faire l'objet d'un arrêt. Le site qui assurait l'édition électronique du quotidien a été «déconnecté», ce qui a soulevé la désapprobation de l'ensemble des travailleurs du journal qui ont décidé de se réunir lundi prochain pour évaluer la situation de leur entreprise qui semble s'enfoncer chaque jour un peu plus. Si le procès en appel de Mohamed Benchicou risque d'être reporté pour une raison ou une autre, les avocats de la défense, d'après leurs récentes déclarations, sont plutôt optimistes et confiants. Ce qui attise, semble-t-il, cette confiance du collectif des avocats de Benchicou, ce sont les différentes déclarations de plusieurs ministres, notamment M.Tayeb Belaïz, ministre de la Justice et garde des Sceaux ainsi que le premier responsable du département de la communication M.Boudjemaâ Haïchour. Les deux ministres ont multiplié «les propos» sur la «souveraineté des magistrats à rendre la justice». Pour Youcef Rezzoug, rédacteur en chef du Matin, au contraire «rien n'indique que le pouvoir va changer de position». D'après lui l'incarcération de Benchicou reste éminemment politique. Tout cela intervient, faut-il le rappeler, au moment où le débat est engagé entre, d'un côté, les pouvoirs publics et plus d'une trentaine d'éditeurs de l'autre, qui se sont constitués en fédération (Fédération algérienne des journaux). En invitant toute la presse à s'asseoir autour d'une même table, le ministre de la Communication, et c'est un fait indéniable, veut améliorer les relations jusqu'ici tumultueuses entre cette même presse et un Etat qui était refermé sur lui-même et dont l'ouverture vers les médias restait le cadet de ses soucis durant des décennies. L'élaboration d'une charte d'éthique et de règles professionnelles par les professionnels du métier reste incontestablement la solution. En définissant le rôle de chacun et en instaurant des règles déontologiques strictes, peut-être que la presse retrouvera ses lettres de noblesse.