Après trois attaques sanglantes en trois jours, l'inquiétude gagne la France où le Premier ministre Manuel Valls a appelé au «sang-froid» et «à la vigilance» en démentant minimiser la menace de l'islamisme radical. «Peur sur Noël», n'hésitait pas à titrer hier en Une le quotidien populaire Le Parisien. Le Premier ministre, qui a convoqué hier une réunion d'urgence des ministres concernés, a appelé les Français à ne pas céder à la panique et à garder leur sang-froid, assurant qu'il n'y avait «aucun lien» entre les trois attaques intervenues à la veille des fêtes de fin d'année. Le mobile de l'islamisme radical semble établi selon les enquêteurs dans le cas de la première attaque, lorsqu'un homme de 20 ans a blessé samedi trois policiers au couteau en criant «Allah Akbar» à Joué-Lès-Tours (centre-ouest) avant d'être abattu par les forces de l'ordre. Le lendemain, un «déséquilibré», selon les autorités, a projeté également aux cris d' «Allah Akbar» son véhicule sur des piétons à Dijon (centre-est), faisant 13 blessés. L'homme âgé de 40 ans, né en France de mère algérienne et de père marocain, dit avoir agi seul, ému par la souffrance des enfants palestiniens et tchétchènes. La série noire s'est poursuivie lundi soir avec un individu qui a lancé sa camionnette contre des piétons sur un marché de Noël à Nantes (ouest), faisant une dizaine de blessés. Les mobiles de son acte restent à éclaircir. L'homme, âgé de 37 ans, s'est donné plusieurs coups de couteau avant d'être arrêté. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a évoqué lundi soir l'oeuvre à nouveau «d'un déséquilibré». «Ce sont des actes plus difficiles à prévenir que d'autres», a-t-il admis. Selon les autorités, l'auteur de l'agression aurait perdu récemment son emploi de pépiniériste. Dans son véhicule a été retrouvé un carnet contenant des propos confus témoignant de difficultés psychologiques et familiales. L'homme est impliqué dans un affaire de vol et recel en 2006. Après le président François Hollande lundi, appelant à «ne pas céder à la panique», le Premier ministre s'est aussi voulu rassurant mardi. Le gouvernement prendra «les mesures nécessaires si elles s'imposent». «Chacun est vigilant et mobilisé», a-t-il insisté. Manuel Valls a souligné que le travail des services de renseignement était rendu plus compliqué face à une menace diffuse qui n'est plus l'expression d'une organisation terroriste bien identifiée. En septembre, le groupe de l'Etat islamique, présent en Irak et en Syrie, avait appelé les musulmans à tuer de «n'importe quelle manière» les ressortissants de pays appartenant à la coalition internationale créée pour le combattre, et notamment les Français. Parmi ses consignes, figurait celle d'utiliser une voiture ou un camion comme une arme. Les forces de l'ordre font face à des «individus hybrides qui peuvent agir seuls», noté M. Valls. «Nous ne minimisons pas» le danger, a encore affirmé le Premier ministre, rejetant les critiques qui montent dans l'opposition de droite et d'extrême droite sur l'incapacité supposée de l'exécutif à prendre en compte la menace de l'islamisme radical. Dans un éditorial, le quotidien Le Figaro, proche de l'opposition, a ainsi dénoncé hier l'impuissance de la gauche au pouvoir face aux «fous d'Allah». «Oui, des +fous d'Allah+, hélas de nationalité française, peuvent frapper à tout moment sur le sol national, animés par un fanatisme mortifère et la détestation de ce que nous sommes», écrit le journal. Le Premier ministre a reconnu qu'il y avait «une menace d'une ampleur jamais égalée», estimant que «1 200 individus» vivant en France étaient «concernés par le jihad».