Le drame s'est déroulé à Joué-lès-Tours, une commune de la vallée de la Loire au cœur de la France: un jeune homme de 20 ans issu de l'immigration est entré dans le commissariat de la ville pour attaquer au couteau un officier en service, selon le quotidien Rossiïskaïa gazeta. Il a frappé ce policier au visage en criant "Allahu akbar" ("Dieu est le plus grand" en arabe) puis blessé deux agents venus aider leur collègue ensanglanté. L'un d'eux a sorti son arme et a tiré plusieurs fois, tuant l'assaillant. Les victimes ont été immédiatement hospitalisées, sans blessures mortelles. L'enquête sur cet événement survenu dans dans le Val-de-Loire, depuis toujours considéré comme la région la plus calme du pays, a été transmise au département spécial antiterroriste du parquet parisien. Selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, présent sur les lieux, de nombreux éléments suggèrent une similitude avec les méthodes du mouvement l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, où les forces de l'ordre sont la cible privilégiée des djihadistes. Le ministre a donc ordonné de renforcer la vigilance dans tous les commissariats de police, les gendarmeries et les autres services publics. L'assaillant du commissariat s'est révélé être Bertrand Nzohabonayo, citoyen français originaire du Burundi. Il avait déjà été condamné pour des crimes peu importants mais n'avait pas attiré l'attention des services de renseignement français chargés des réseaux islamistes. Son frère, connu à cause de ses opinions radicales, a récemment envisagé d'aller participer à la guerre en Syrie.Deux jours avant l'attaque, Bertrand avait posté sur son compte Facebook le drapeau noir de l'EI et plusieurs vidéos de propagande islamiste. Dimanche, les agents ont fouillé l'appartement de la sœur du criminel - où il habitait ces derniers temps - et confisqué son ordinateur et ses papiers. Il faut désormais établir si Bertrand Nzohabonayo a agi seul ou dans le cadre d'une organisation. La peste du fondamentalisme islamiste a profondément atteint les jeunes du pays, notamment dans les quartiers difficiles. Aujourd'hui les citoyens français sont les plus nombreux parmi les combattants djihadistes européens en Syrie et en Irak. Selon le ministère français de l'Intérieur, plus de 1200 personnes ont combattu ou font toujours la guerre dans cette région actuellement. Deux Français ont également participé à l'exécution de l'otage américain Peter Kassig et d'un groupe de prisonniers syriens, filmée et retransmise par des sites islamistes, qui avait semé l'indignation dans le monde entier. D'après Jean-Louis Bruguiere, expert reconnu en matière de lutte antiterroriste, "ceux qui rentrent en France après avoir acquis de l'expérience de combat au sein des mouvements radicaux représentent un danger énorme pour la sécurité nationale."
Valls appelle à la vigilance et à l'unité Le Premier ministre français Manuel Valls a appelé hier à la vigilance, à l'unité et au rassemblement après les trois attaques sanglantes survenues en France ces trois derniers jours, qu'il a démenti vouloir minimiser alors que la France est gagnée par l'inquiétude. Nous ne minimisons pas mais l'objectif du gouvernement c'est de rassurer et comprendre ce qui s'est passé, a-t-il souligné sur la radio Europe 1. Samedi, un homme a attaqué des policiers au couteau et aux cris d'Allah Akbar (Dieu est le plus grand) à Joué-Lès-Tours (centre-ouest) avant d'être abattu par les forces de l'ordre. Trois policiers ont été blessés. Le lendemain, c'est un déséquilibré ayant fait 157 passages en hôpital psychiatrique qui a projeté son véhicule sur des piétons à Dijon (centre-est), faisant 13 blessés. L'homme a été arrêté par la police. Lundi soir, un individu a aussi lancé son véhicule contre des piétons sur un marché de Noël à Nantes (ouest), faisant 11 blessés. L'homme s'est donné plusieurs coups de couteau avant d'être arrêté. Il n'y a aucun lien entre ces trois évènements, a assuré Manuel Valls. Les forces de l'ordre font face à des individus hybrides qui peuvent agir seuls, compliquant le travail des services de renseignement, a-t-il ajouté, en soulignant que la menace était différente que lorsqu'il s'agit d'affronter des organisations terroristes. Le Premier ministre devait réunir dans la matinée plusieurs de ses ministres pour un faire un point de situation et prendre les mesures nécessaires si elles s'imposent. Chacun est vigilant et mobilisé, a-t-il insisté demandant aux Français de garder (leur) sang-froid. Après ces trois attaques, l'inquiétude a gagné le pays. Peur sur Noël titre ainsi le quotidien populaire Le Parisien tandis que le journal Le Figaro, proche de l'opposition de droite, accusait le gouvernement de pas prendre la mesure de l'islam radical en France. Nous agissons avec une très grande détermination, a rétorqué le Premier ministre. Quand 1.200 individus vivant dans notre pays sont concernés par le jihad, quand 60 personnes, des Français en général, sont morts dans les rangs des djihadistes, il y a une menace d'une ampleur jamais inégalée, a-t-il répété.