L'armée américaine s'apprêterait-elle à commettre un génocide à Najaf? Tout porte à le croire au vu de l'appel lancé par les marines en direction des civils irakiens, les invitant d'évacuer sans tarder la zone des combats. Comme ils ont sommé les partisans de Moqtada Sadr de quitter la ville où des affrontements faisaient toujours rage pour la sixième journée consécutive. Des jeeps blindées américaines circulaient en fin de matinée, hier, dans la ville pour demander en arabe par mégaphone à la population d'évacuer sans délai la zone des combats entre les miliciens du chef radical chiite, Moqtada Sadr et les policiers irakiens, appuyés par l'armée américaine. C'est la première fois que l'armée américaine demande à la population d'évacuer la zone, selon des habitants de la ville qui craignent une offensive américaine. Ce qui d'après certains analystes au fait de la question irakienne, présageraient d'une situation catastrophique dans la ville chiite de Najaf. Hier encore, des tirs de canons ont éclaté tôt ce matin dans le cimetière de la ville, place forte des miliciens, avant de cesser pendant environ deux heures puis de reprendre avec force. Moqtada Sadr a assuré lundi à Najaf, qu'il lutterait contre l'occupation américaine jusqu'à sa «dernière goutte de sang». Le Premier ministre, Iyad Allaoui, a pour sa part rejeté dimanche, toute négociation sur une trêve avec les insurgés lors d'une visite surprise à Najaf. Les combats ont fait depuis le 5 août, quatre tués parmi les soldats américains et plus de 360 morts dans les rangs de l'Armée du Mehdi, selon un bilan de l'armée américaine, démenti par les miliciens chiites qui n'ont fait état que de 15 morts. En raison de la situation à Najaf, les forces polonaises ont annoncé lundi, avoir remis aux troupes américaines le contrôle de cette province chiite du centre de l'Irak, ainsi que de celle voisine de Qadissiyah. Fin avril, les Polonais avaient également cédé, pendant un mois, le contrôle de ces deux provinces lors d'affrontements entre la coalition et l'Armée du Mehdi de Moqtada Sadr qui s'étaient terminés par la conclusion d'une trêve. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a appelé lundi tous les participants aux combats en Irak, notamment à Najaf, à «s'efforcer de conclure un cessez-le-feu et de trouver une solution pacifique», selon un porte-parole. Les Américains ont également appelé les miliciens à déposer les armes et quitter la ville sainte chiite, située à une centaine de km au sud de Bagdad.