Le ministre de l'énergie Youcef Yousfi, est un homme optimiste. Et il le communique bien d'ailleurs pour dissiper les angoisses, bien réelles, sur les lendemains préoccupants qui hantent les Algériens après l'annonce par le gouvernement du début d'une période d'austérité induite par une baisse des recettes pétrolières. M. Yousfi a ainsi rassuré l'opinion publique qu'il n'y aura «aucune augmentation des tarifs de l'électricité et des carburants» à la suite de cette crise des cours du pétrole. «Aucune augmentation des tarifs de l'électricité et des carburants n'est à l'ordre du jour du gouvernement», a-t-il dit, affirmant qu'il n'y aura pas de recul des efforts de l'Etat dans l'amélioration du niveau de vie du citoyen algérien». En visite de travail à In Salah, dans la wilaya de Tamanrasset où il a inspecté le premier puits de forage de gaz de schiste, M. Yousfi rassure que pour 2014, les recettes pétrolières devraient s'établir à 60 milliards de dollars, en baisse de seulement deux Mds de dollars par rapport à 2013. Jusqu'ici, «nous avons réalisé presque 60 mds de dollars d'exportations (d'hydrocarbures) et nous allons probablement terminer l'année 2014 avec 60 mds de dollars», a-t-il expliqué dans un point de presse à In Salah, à quelque 750 km au nord de Tamanrasset. «Personne ne peut prédire quel serait le niveau des recettes pétrolières dans le futur», a estimé le ministre de l'énergie, laissant la porte ouverte à tous les scénarios en ce qui concerne le niveau des prix du brut en 2015, et fatalement celui des recettes d'hydrocarbures de l'Algérie, puisque les prix du gaz naturel sont indexés sur ceux du brut, explique le ministre pour qui cette décrue des cours va avoir des conséquences désastreuses pour les pays producteurs, de gaz et de pétrole. Et, sur ce chapitre, il estime que l'OPEP doit «intervenir» pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production, pour faire repartir à la hausse le niveau des prix du brut, qui devraient cependant rebondir en 2015-2016. L'Algérie, rassure M. Yousfi, va de son côté poursuivre son effort de recherches et d'exploration pétrolière et gazière, les financements étant (presque) assurés à travers les contrats de partenariat avec les Majors du secteur, notamment les compagnies américaines. En fait, «l'Algérie va poursuivre l'intensification de l'exploration de son domaine minier et le développement des gisements déjà découverts», assure le ministre, même dans le contexte d'une baisse des cours du brut sur le marché international. En 2013 et 2044, Sonatrach a découvert quelque 7 milliards de barils équivalents pétrole (Tep) dont 4 milliards de TEP ont renforcé les réserves d'hydrocarbures et comblé le déclin des années précédentes, le reste étant extrait, a-t-il expliqué, avant de préciser qu'à la fin de ce mois de décembre 2014, le niveau des réserves d'hydrocarbures de l'Algérie sera nettement supérieur à celui atteint en 1971. OPTIMISME, DEMESURE ? Et il l'affirme : «ce qui a été découvert est supérieur à toute la production cumulée depuis près d'un demi-siècle. C'est une performance qu'il convient de souligner». Mais, là-dessus, il ne cite aucun chiffre, se contentant d'annoncer un rebond de la production d'hydrocarbures en 2014, après un recul enregistré durant ces dernières années. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2019 grâce à l'accélération du développement et de l'exploitation de 100 nouveaux gisements. Et, «d'ici à 2019, la production de pétrole va progresser de 20 % et celle du gaz devrait enregistrer une hausse considérable de l'ordre de 40%, tandis que celles du GPL et du condensat augmenteront de 40% également», assure ainsi M. Yousfi qui croit bon de faire ce commentaire : «nous ne sommes pas dans le cas de nombreux pays dont les réserves diminuent et la production recule». Pourquoi ? Il semblerait que les forages de gaz de schiste soient prometteurs, et qu'ils devraient renforcer l'offre algérienne d'hydrocarbures conventionnels. Là-dessus, M. Yousfi annonce que le premier forage pilote de gaz de schiste dans le bassin d'Ahnet (In Salah) s'est avéré «très prometteur». «Nous assistons au succès de la première opération réelle de l'exploration de gaz de schiste dans le bassin d'Ahnet où nous avons réussi à produire du gaz extrêmement compact situé dans des roches imperméables». Ce puits «nous laisse envisager la possibilité d'aller de l'avant dans l'exploitation éventuelle de ces ressources gazières non-conventionnelles», a-t-il poursuivi, en précisant que les études menées dans le bassin d'Ahnet, grâce à ce premier forage, ont permis de révéler l'existence d'un troisième périmètre contenant du gaz de schiste, qui s'étend sur 100.000 km2, a-t-il expliqué. En fait, les estimations des réserves faites par Sonatrach pour le puits d'Ahnet tablent sur deux milliards de m3 pour chaque km 2, soit des réserves globales de 200.000 milliards de m3 de gaz pour tout ce bassin, dont 10% peuvent être extraites, soit 20.000 milliards de m3 de gaz récupérables. «Ces ressources étant certainement très importantes et utiles pour le pays, nous ne pouvons pas les laisser inexploitées», affirme le ministre de l'énergie, accompagné lors de cette visite par les ministres des ressources en eau et de l'environnement. Une manière comme une autre pour rassurer l'opinion publique qu'il n'y aura aucun effet désastreux pour l'environnement et les nappes d'eau (phréatique et albienne) avec l'exploitation du gaz de schiste. Le forage des puits de gaz de schiste est controversé et dénoncé par les ONG dont Greenpeace, car il utilise la fracturation hydraulique, qui consiste à injecter à de très fortes pressions de l'eau mélangée à 99% à du sable et des matières chimiques pour libérer les gaz ou le pétrole emprisonnés dans la roche. Le forage du (AHT1 H2) premier puits-pilote de gaz de schiste en Algérie, a été entamé en août 2008 sur une profondeur de 1.800 mètres en vertical et de 2.000 mètres en horizontale. Dans le même bassin d'Ahnet, le groupe Sonatrach a déjà entamé le forage d'un deuxième puits- pilote, AHT1 H1, sur les cinq puits d'exploration prévus à cet effet. Enfin, le programme du ministère sur l'efficacité énergétique, et particulièrement les mesures prises pour rationaliser la consommation de l'énergie électrique sera présenté dans les prochaines semaines au gouvernement