Le problème de financement du budget de l'Etat se pose avec acuité. La situation économique est très préoccupante. «Le gouvernement ne pourra même pas revenir au niveau de 2011 et 2012 où il s'est permis une expansion extrême de dépenses de fonctionnement et toute sa politique est basée sur les dépenses publiques énormes», a souligné, hier, l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour. Si l'Algérie a assez de devises pour faire face à l'impact de la crise énergétique mondiale actuelle, et ce, pendant quelque 4 à 6 ans à venir, par contre, le problème extrêmement grave qui se pose est lié au financement budgétaire de l'Etat, notamment son budget de fonctionnement». Sur ce point, «le gouvernement n'a aucune marge de manoeuvre et ne pourra compter sur aucune souplesse», fait-il remarquer. De ce fait, des problèmes sévères seront au rendez-vous dans une année et demie ou deux, en ce qui concerne le budget de fonctionnement de l'Etat. «De sérieux problèmes on en aura à coup sûr en 2016», prévoit Benbitour. La tendance baissière ne date pas d'hier puisque, précise-t-il, «l'Algérie a commencé à enregistrer des baisses de volume de production des hydrocarbures depuis 2006». Quoi qu'il en soit, ce déficit en production a été «compensé par la hausse des prix qui ont caracolé au-dessus de 120, voire 130 dollars le baril». Mais, aujourd'hui, l'Algérie est confrontée à la fois, à la baisse des exportations des hydrocarbures en volume et à la dégringolade brutale des cours des hydrocarbures. Par voie de conséquence, l'Algérie est entraînée dans le tourbillon d'une accélération de la chute de la fiscalité pétrolière. En sachant, toutefois, que l'Algérie tire 95% de ses recettes extérieures de la vente de pétrole et de gaz. Des hydrocarbures qui représentent 60% des revenus fiscaux et 40% du Produit intérieur brut (PIB).A un certain niveau de l'évolution de cette accélération de la fiscalité générée par la baisse des exportations doublée de la décroissance des prix, l'Etat sera obligé de renoncer progressivement à sa politique sociale relative aux subventions des prix des produits de large consommation, aux transferts sociaux et même aux salaires. En tout état de cause, la solution la moins coûteuse face à cet état des lieux non reluisant «reste la lutte contre la corruption ou réduire d'une manière drastique les dépenses qui vont vers la corruption», souligne-t-il. Cependant, le système politique actuel sera-t-il capable de lutter contre la corruption? Pas sûr, dit-il. Dans ces circonstances, «la solution réside forcément dans le changement du système de gouvernance», a-t-il conclu. L'instruction du Premier-ministre, Abdelmalek Sellal aux banques publiques et privées aux fins de supplier au défaillances de sources budgétaires de l'Etat, est, en fait, «une pratique courante depuis 2013», a souligné hier l'expert financier, Mohamed Gharnaout. Cette orientation déjà en vigueur n'a été déclarée officiellement, qu'à travers l'instruction du gouvernement. En outre, si les banques privées ne peuvent en aucun cas se soumettre à cette instruction étant donné que leur fonctionnement dépend du seul conseil d'administration, seules les banques publiques appartenant à l'Etat, donc aux politiques, qui leur dictent la marche à suivre doivent se soumettre à cette décision de financement des investissement du secteur public. Lequel (investissement... Ndlr) est considéré généralement comme des opérations non rentables. «Ainsi, ces banques courent le risque de se retrouver avec des problèmes de trésorerie insoutenables», selon notre interlocuteur. Depuis plusieurs années déjà, les banques publiques octroient des crédits aux entreprises publiques en difficulté, affirme-t-on. Ces crédits sont considérés par les banques comme «des pertes sèches ou des créances douteuses», explique-t-il. D'autre part, souligne-t-il, «les banques sont souvent contraintes à l'heure des consolidations des créances, de transformer ces dettes à court terme en dettes à long terme». Par ailleurs, certains estiment que «la paix sociale tributaire des prix du pétrole étant aujourd'hui menacée, il n'y a aucune autre alternative que le changement démocratique pour garantir la sécurité et la paix sociale. Une situation très compliquée et bientôt l'Algérie n'aura plus de leviers pour diversifier son économie.