Les deux judokas algériens avaient pour ambition d'accéder au podium. La tête basse, Salima Souakri quitte le tatami. Elle vient, une nouvelle fois, d'échouer au pied d'un podium olympique. Quelques instants plus tôt, elle a dû subir un Ippon face à la Cubaine Savon, championne du monde en titre de la catégorie des -52 kg dans la finale pour l'une des deux médailles de bronze mises en jeu. L'Algérienne n'a pourtant pas semblé inférieure à son adversaire. «Vous avez vu, nous a-t-elle dit à l'issue du combat. C'est moi qui attaquais, qui prenais le plus d'initiatives. Le problème en judo, c'est qu'il faut rester concentré constamment. J'ai eu l'instant d'inattention fatal qui m'a coûté la perte du combat». Salima reprend son souffle. Elle s'arrête un moment de parler. Il est vrai que lorsqu'on vient de perdre, il est dur de s'exprimer. «Dieu est témoin que j'ai tout fait pour remporter une médaille. J'ai travaillé longuement et durement. J'étais venue à Athènes avec beaucoup d'espoirs. Mais que voulez-vous, il y a ce tirage au sort qui ne nous est pas toujours favorable. Au premier tour, je tombe sur une Slovène que je bas. La Chinoise que je devais rencontrer au second tour a passé un tour à blanc. Elle a donc pris le temps de nous observer et de nous jauger. Elle est en finale mais on retiendra que je fus la seule qu'elle n'ait pas battue aux points. Pour se défaire de moi, elle a dû aller au temps additionnel et a obtenu l'avantage de la part d'un juge asiatique sur un shido pas vraiment évident. (Finalement, cette Chinoise, Dongmei Xian, obtiendra la médaille d'or de la catégorie en venant à bout sur un Ippon de la Japonaise Yuki Yoko Sawa, Ndlr). Il ne me restait plus qu'à aviser la médaille de bronze en passant par les repêchages». Au cours de ces repêchages, Souakri relèvera la tête en s'imposant d'abord à l'Allemande Raffaela Imbriani puis à la Roumaine, Aluas Ionna Maria. «L'Allemande est vice-championne du monde», nous dira Salima. «A Sydney, il y a 4 ans, elle m'avait battue. Quant à la Roumaine, elle est championne d'Europe en titre. Elle aussi, m'avait battue lors des derniers championnats du monde.» Salima s'arrête alors de parler. Debout, elle scrute un écran de télévision qui passe l'autre finale pour le bronze de sa catégorie. C'est une Belge qui l'emporte sur une Française. «Voilà ce qui est rageant avec le tirage au sort. Au lieu de tomber sur Savon, la championne du monde, j'aurais pu avoir soit cette Belge, soit cette Française que j'ai régulièrement battues». Souakri baisse de nouveau la tête. Nous la réconfortons. «C'est terrible, ce qui m'arrive. On dirait que je suis maudite et que je suis éternellement scotchée à cette 5e place mondiale.» Juste avant de nous quitter, elle nous lancera: «Dites bien à mes supporters que je les remercie pour la confiance qu'ils ont placée en moi. Qu'ils sachent que j'ai tout fait pour obtenir le meilleur résultat possible». Dans la matinée de ce dimanche était engagé Amar Meridja dans la catégorie des -66 kg. Le champion d'Afrique en titre hérita dès son entrée d'un Egyptien, Mohamed Amin, qu'il a battu. Lors du second tour, Meridja a été opposé à l'Israélien Ehud Vaks dont la présence à ce tour n'était due qu'au forfait au tour précédent de l'Iranien Arash Miresmaeili, le champion du monde (à Osaka en 2003), en titre. En tout cas, l'Israléien dut subir la loi de l'Algérien. Lors du 3e tour, Meridja céda sur Ippon devant le Slovaque Josef Krnac, 3e lors des derniers championnats d'Europe et classé 7e mondial. Dans son combat de repêchage, l'Algérien, handicapé par une blessure, finira pas être battu par l'Espagnol Oscar Penas. «J'étais bien au début du combat» nous dira Meridja. «Mais j'ai reçu un coup terrible à une côte et j'en ai eu le souffle coupé . J'ai éprouvé d'énormes difficultés pour terminer le combat». Comme Souakri, Meridja nous fera part de ses regrets. «Mon ambition en venant aux Jeux était de monter sur le podium. Je pensais en avoir les moyens mais je me rends compte que la discipline est terrible. Il faut constamment être au top. J'ai énormément de peine et ma déception est grande, surtout lorsque je vois tous les efforts et sacrifices que j'ai dû consentir pour être exact au rendez-vous. C'est vraiment dommage».