Au terme des 30es Championnats d'Afrique des nations de judo dames et hommes, qui se sont déroulés à l'île Maurice du 30 avril au 3 mai, c'est finalement l'équipe nationale féminine qui est montée sur la plus haute marche, tant en individuel que par équipe. Une consécration continentale qui contraste avec les résultats obtenus par l'EN masculine, déchue de son titre à Port Louis. En effet, l'équipe féminine algérienne de judo, drivée par le duo Souakri-Boutebcha, s'est de nouveau illustrée au gymnase Pandit Sahadeo à Vacoas (Maurice), en remportant le championnat d'Afrique 2009 par équipe et en individuel, alors que la sélection masculine a perdu son titre en individuel et par équipes. Si les filles, privées de leur meilleur atout Soraya Haddad, la médaillée de bronze de Pékin 2008 (excusez du peu) se sont de nouveau distinguées en remportant haut la main le titre en individuel et par équipe, les garçons n'ont finalement pas su élever le niveau dans ce genre de compétition c'est presque le plus logiquement du monde qu'ils ont terminé dans une position jamais enregistrée par les judokas algériens. La déception était visible sur les visages du staff et des athlètes après la proclamation des résultats. C'est sûrement l'envie de faire quelque chose, de se distinguer et d'exprimer sa rage de vaincre qui manquait aux garçons, d'habitude expéditifs d'entrée et sûrs de leurs capacités. La sélection masculine n'a décroché aucune médaille en vermeil, se contentant juste d'une seule petite médaille d'argent et de quatre de bronze. L'ombre des géants a plané sur la compétition Quant à l'épreuve par équipe, l'Algérie, après avoir franchi le cap des Mauriciens, puis des Marocains, s'est inclinée en finale face à l'équipe égyptienne. Comme il fallait cependant s'y attendre, l'absence de Lyes Bouyakoub (-90 kg), Amar Belgacemi (+100 kg), Noureddine Yacoubi (- 73 kg) et Mohamed Boughorfa (-66 kg), Amar Benikhlef, vice-champion olympique, et Abderrahmane Benamadi, vice-champion du monde en Egypte, qui n'ont pas pris part à cette joute continentale à l'île Maurice, en raison de blessures, a grandement influé sur le moral des troupes, et de ce fait, le résultat ne pouvait en être autrement. En individuel, le podium masculin a été dominé par l'Egypte (4 or, 1 argent, 2 bronze), suivi du Maroc (2 or, 1 arg) et de la Tunisie (1 or, 1 argent, 2 bronze). D'ailleurs, les entraîneurs nationaux y font allusion. Chez les filles, (African's Queens (les reines de l'Afrique) ont dominé largement la compétition, ne laissant aucune chance ni répit à leurs adversaires. Il faut dire qu'avec cinq médailles d'or, une d'argent et une de bronze, les combattantes algériennes ont fait une razzia en individuel et se sont adjugées le titre par équipe. Elles ont ainsi préservé leur invincibilité et leur suprématie sur le continent. Et dire que les filles ont évolué sans leur chef de file, Soraya Haddad, absente pour incompatibilité d'humeur avec le nouveau coach Salima Souakri. Les combattantes algériennes, d'entrée de jeu, ont donné le ton, en surclassant d'abord la Côte d'Ivoire (7-0), puis l'Afrique du Sud (7-0), et, enfin, mettant K.-O. la Tunisie (4-3) pour garder le titre. Les filles ont été fidèles au rendez-vous, elles ont mis le cœur à l'ouvrage pour garder leur invincibilité. Des filles comme Kahina Hadid (-70 kg), Rachida Ouerdane (-78 kg), Leila Latrous (-57 kg), Meriem Moussa (-48 kg) et Ratiba Tariket (-52 kg) et Aïda Mezerna (-63 kg) ont relevé le défi, tenant tête à toutes les filles des autres équipes qui ont osé les défier. Elles ont été sacrées vice-championnes d'Afrique, alors que Amina Temmar s'est contentée de la médaille de bronze dans la catégorie Open. Des filles en or Pour rappel, lors de la précédente édition à Agadir (Maroc), les coéquipières de Soraya Haddad -absente à Maurice- avaient gagné quatre titres en individuel contre cinq à Maurice. Une équipe nationale féminine qui n'a jamais faibli tout au long de la compétition, s'adjugeant à l'occasion une médaille en vermeil supplémentaire par rapport à leur dernière participation à la 29e CAN d'Agadir. Mais c'est surtout par équipes que nos filles ont confirmé leur suprématie, après avoir nettement dominé l'EN tunisienne en finale. Elles ont donc réussi à perpétuer la tradition au niveau continental, avec au final cinq médailles d'or. Selon Salima Souakri, ces deux nouvelles consécrations africaines sont tout simplement le résultat de la dernière préparation effectuée durant quinze jours à la veille de la 30e CAN. Elle a ajouté que cela est de bon augure pour le judo algérien, notamment en prévision des prochains championnats du monde prévus cette année. Ces résultats ont mis les filles sur les rails et comblé de joie le duo Souakri-Boutebcha. En individuel, le podium masculin a été dominé par l'Egypte (4 or, 1 argent, 2 bronze), suivie du Maroc (2 or, 1 argent) et de la Tunisie (1 or, 1 argent, 2 bronze). A l'opposé, la sélection masculine algérienne a perdu son titre en individuel, terminant au pied du podium, avec aucune médaille d'or. Dans l'épreuve par équipe, l'Algérie a perdu en finale face à l'équipe égyptienne. Les protégés du coach Ahmed Moussa se sont contentés d'une seule médaille d'argent et quatre de bronze en individuel. Lors de la précédente édition d'Agadir, les Algériens avaient glané quatre or et quatre bronze. A l'île Maurice, Hassane Azzoun (-100 kg) a été sacré vice-champion d'Afrique, alors que quatre de ces équipiers se sont contentées du bronze. Une équipe nationale qui n'a pas pu s'adjuger la moindre médaille d'or lors de cette compétition, alors que, lors de la 29e édition organisée par le Maroc, les poulains de l'entraîneur national Ahmed Moussa avaient récolté pas moins de quatre médailles en vermeil. Il est vrai que, lors de cette 30e édition finale, l'EN masculine s'était présentée à Port Louis sans ses principaux atouts, mais cela ne saurait justifier la déroute. Et malgré cet échec, la participation algérienne reste tout de même une équipe très performante. une fois de plus, le judo algérien a prouvé, de manière incontestable, qu'il reste, à ce jour, notre meilleur représentant au niveau régional et mondial. En individuels, le podium masculin a été dominé par l'Egypte (4 or, 1 arg, 2 br), suivie du Maroc (2 or, 1 arg) et de la Tunisie (1 or, 1 arg, 2 br). Soraya Haddad, la grande absente Les filles qui ont toujours répondu présentes aux grand-messes africaines, ont encore une fois goûté aux joies des championnats continentaux. Sous la direction du duo Salima Souakri-Salim Boutebcha (filles), les judokates de l'équipe nationale algérienne de judo, championne d'Afrique en titre, se sont toujours entraînées en groupe pour parvenir à mettre sur pied une équipe aguerrie et compétitive, malgré les quelques perturbations vécues ces derniers temps par les équipes nationales de judo, qui ont nécessité une nouvelle restructuration de la pyramide, avec la nomination de Salima Souakri, nouveau coach de la sélection féminine. Cette dernière, très heureuse dans ses nouvelles fonctions, elle qui a tant donné au judo algérien (neuf titres continentaux et une cinquième place mondiale), n'a pas manqué de souligner à son tour que l'objectif principal est de garder le titre par équipes et de gagner le maximum de titres en individuel. Elle a surtout insisté sur le retour en sélection de Soraya Haddad, médaillée de bronze aux JO 2008 de Pékin et aux Mondiaux 2005 du Caire qui n'a pas fait partie du voyage à l'île Maurice pour défendre son titre africain. La fille de Yemma Gouraya a évoqué, récemment à la presse, une «préparation insuffisante» ne lui permettant pas de faire bonne figure. Mais, ce n'était pas la vraie raison de son retrait de l'équipe féminine de judo. La nouvelle coach de la sélection nationale dames a pourtant toujours déclaré que la présence de Soraya est indispensable en EN, en vue des importantes échéances qui attendent sa composante. Pour rappel, la judokate Soraya Haddad est la première femme arabe et africaine à planter son étendard dans cette discipline technique qui reste propriété de l'Europe et de l'Asie. Le drapeau de l'Algérie a flotté sur le sol de la très lointaine Pékin avec ses sept heures de décalage horaire grâce à notre judoka Soraya Haddad qui a remporté la médaille de bronze dans la catégorie des moins de 52 kg, après sa victoire sur la représentante du Khazakstan, Sholpan Kaliyeva Kiva, dans le combat comptant pour les 3e et 4e places. A la lumière de cette excellente performance, la fille d'El Kseur a inscrit en lettres d'or son nom sur les tablettes du judo mondial. Le palmarès de Soraya Haddad est des plus éloquents. Ayant obtenu la 9e place lors des derniers jeux Olympiques d'Athènes, elle décroche une année plus tard le troisième rang (-48 kg) au championnat du monde qui s'est déroulé au Caire (Egypte) puis la 7e place à Rio de Janeiro (Brésil). M. G.