Et dire qu'il y a deux ans, elle parlait de tout abandonner. Soraya Haddad entre dans la légende du sport algérien en devenant le premier représentant du judo à accéder à un podium olympique. Elle se distingue même au niveau continental puisqu'elle est la première judoka africaine à obtenir une telle consécration. Avec elle, c'est le sport algérien qui renoue avec la collection de médailles olympiques après un zéro pointé lors des Jeux de 2004 à Athènes. Haddad n'a obtenu qu'une médaille de bronze, mais il s'agit là d'un «énorme» résultat lorsqu'on sait que sur les tatamis du gymnase de l'USTB de Pékin était engagé ce qui se fait de mieux dans le judo mondial. Soraya aurait pu aspirer à une meilleure place si elle n'avait pas eu la malchance de tomber sur la Chinoise Xian Dongmei en demi-finale de sa catégorie des 52kg. Loin de nous l'idée de contester le succès par ippon de cette dernière, tant il a été logique mais concourir face à une Chinoise, qui évoluait devant son public et qui disposait, de la sorte, d'un très fort soutien, l'exercice relevait, presque de l'impossible pour la petite Algérienne. Mais il n'y avait pas que ce handicap dont pouvait se plaindre notre représentante. Elle avait, en effet, face à elle lors de cette demi-finale, affaire à la tenante du titre, celle qui s'était imposée dans la même catégorie quatre années plus tôt à Athènes. Une judoka, de surcroît, certainement plus expérimentée qu'elle puisque plus vieille qu'elle de neuf ans (Xian est native du 15 septembre 1975 alors que Soraya a vu le jour le 30 septembre 1984). Du reste, Xian a disposé, un peu plus tard de la victoire finale. Perdre contre une telle championne n'a rien de déshonorant et l'Algérienne savait qu'il lui restait une ultime épreuve pour aller à la conquête d'une place sur le podium, le combat pour la 3e place. Une confrontation qui lui a proposé la représentante du Kazakhstan, Sholpan Kaliyeva, issue des finales de repêchages, dont elle a disposé par waza-ari après un combat qu'elle a mené de bout en bout. Il faut le dire, Soraya était l'un de nos meilleurs espoirs de médailles pour ces Jeux de Pékin. L'enfant d'El Kseur, où elle est née le 30 septembre 1984, s'était présentée dans la capitale chinoise précédée de belles références, notamment sa médaille de bronze obtenue lors des Mondiaux du Caire en 2005. Mais cette année-là, elle avait concouru chez les 48kg. Depuis, elle était passée dans la catégorie supérieure, celle des 52kg, où elle n'avait atteint que la 7e place lors des Mondiaux de Rio de Janeiro, l'année dernière. Elle paraissait être rentrée dans le rang puisqu'on entendait rarement parler d'elle, un semblant de déclin marqué par un échec lors des Jeux africains organisés par l'Algérie en 2007 où elle n'avait pu obtenir que le bronze. Cette année, elle était revenue, progressivement à son meilleur niveau avec une seconde place par équipe lors du tournoi de la Supercoupe du monde à Paris et une troisième place lors de la même compétition à Hambourg. A Pékin, elle a «tiré» dans le tableau B, au milieu de quelques grandes championnes. Elle a, malgré tout, réussi à se débarrasser, tour à tour, de la Luxembourgeoise Marie Muller (waza- ari), de la Sénégalaise Hortance Diedhiou (yuko), de la Sud-Coréenne Kyungok Kim (ippon) avant d'échouer en finale de groupe face à Xian Dongmei (ippon). C'est en larmes qu'elle a achevé son combat pour la troisième place, des larmes de joie pour une médaille de bronze amplement méritée. La fille d'El Kseur avait de quoi être fière, elle qui, il y a deux ans, avait failli tout abandonner lorsque dans une lettre qu'elle nous avait adressée, elle nous disait qu'elle ne parvenait pas à s'expliquer le manque d'attention qu'elle subissait de la part des pouvoirs publics, elle, à qui on avait promis une prise en charge à l'Institut supérieur du sport (ISTS). C'est grâce au Comité olympique algérien et à sa fédération qu'elle s'est remise sur le tatami pour entreprendre son retour avec cette magnifique médaille de bronze qui s'inscrira en lettres d'or dans l'histoire du sport algérien.