Que vont chercher ces jeunes de l'autre côté de la Méditerranée? Du travail, du pain, un confort? Ou alors c'est juste un environnement social paisible et une justice sociale. C'est au moment où des oiseaux migrateurs fuyant les rigueurs de l'hiver nous arrivent de l'Europe du Nord que des jeunes Algériens préfèrent aller à contre-sens des caprices de la nature. Eno 24 heures, pas moins de 43 jeunes harraga ont été interceptés sur les côtes ouest du pays. Dimanche, ce sont 23 candidats à l'émigration de Tiaret et d'Oran qui ont été sauvés au large de la côte est d'Oran par les gardes-côtes. Le groupement de la Gendarmerie nationale d'Oran a été avisé à travers le numéro vert (10-55) par un citoyen informant qu'un groupe de jeunes se trouvait en détresse à bord d'une embarcation pneumatique au large d'Oran. Une journée auparavant, soit samedi, les gardes-côtes ont intercepté un zodiac monomoteur en panne au nord de «Cap Ivy» sur le littoral-est de Mostaganem. L'embarcation transportait 20 harraga âgés entre 18 et 32 ans, et tous originaires de la commune de Sidi Ali (50 km à l'est de Mostaganem) et qui avaient pris le départ à partir de la plage de Hadjadj. Quand c'est en plein hiver qu'on parle de harraga, c'est que la situation est très grave. Le phénomène a pris une telle ampleur, qu'il devient désormais une menace sérieuse pour le pays. Non seulement, il traduit l'échec total des politiques menées en faveur de cette frange de la population mais aussi, un pays qui perd sa jeunesse ne peut pas espérer plus de ses retraités... Que vont chercher ces jeunes de l'autre côté de la Méditerranée? Du travail, du pain, un confort de la vie? Ou alors c'est juste un environnement social plus paisible, une justice sociale, de la considération. Avez-vous, Messieurs du gouvernement, le droit de vous contenter de ces statistiques macabres? C'est à vous, Messieurs les ministres, c'est vous Monsieur le Premier ministre, d'identifier, de trouver des solutions, les raisons de ces fuites au lieu de brandir les clichés usés de «la main de l'étranger», du «manque de patriotisme» ou d'actionner la force publique pour les tabasser quand ces mêmes jeunes osent manifester, osent s'élever contre vos politiques inopérantes. Bousculée par ce phénomène qui touche en réalité toute la rive sud de la Méditerranée, l'Union européenne plaide pour une action décisive et coordonnée à l'échelle européenne contre le trafic de migrants qui font la traversée de la Méditerranée dans de frêles embarcations bondées. Aussi, l'UE accorde-t-elle à la lutte contre le trafic de migrants une «priorité absolue»? Les Nations unies ont également réagi «au phénomène de cargos de migrants laissés à la dérive» par des trafiquants en mer Méditerranée. Le vice-secrétaire général, Jan Eliasson, a exprimé récemment son inquiétude et jugé nécessaire des efforts énergiques pour y remédier. Avec plus de 112 000 migrants en situation irrégulière recensés en 2014 par les autorités italiennes, le Bassin méditerranéen concentre l'essentiel de la pression migratoire. A ce titre, les statistiques de l'OIM (Organisation internationale pour les migrations), une organisation basée à Genève, donnent des frissons. Plus de 3000 personnes sont mortes en 2014 en voulant traverser la Méditerranée, c'est plus du double que lors du pic de 2011 qui a suivi les printemps arabes. Selon cette organisation, plus de 22 000 personnes ont perdu la vie dans leur tentative de traverser la Méditerranée depuis ces 20 dernières années.