Plusieurs centaines de personnes, proches et anonymes, ont rendu hommage mardi à la morgue de Paris à Mustapha Ourrad, le correcteur de Charlie Hebdo, tué le 7 janvier lors de l'attentat au siège parisien de l'hebdomadaire satirique. "Celui-là seul est digne de la liberté, qui sait la conquérir": sur plusieurs affiches, brandies par des proches, figurait ce vers de Baudelaire, poète que le journaliste aimait au point d'être surnommé "Mustapha Baudelaire. Ce correcteur de 60 ans, né en Algérie, était arrivé en France à l'âge de 20 ans, déjà épris de littérature et de la langue française. A côté des portraits où l'on devine, derrière les lunettes, le regard tendre de Mustapha Ourrad, des drapeaux de Kabylie, la région d'origine du correcteur, des affichettes "Je suis Charlie, je suis Mustapha" ou encore des crayons levés vers le ciel. "C'était un homme très intelligent, très cultivé, il aimait beaucoup lire, son rêve c'était d'être journaliste, et il a réussi", raconte une cousine. "C'est pas du tout des gens de l'islam ceux qui l'ont tué. C'est pas Dieu qui l'a tué!" Des anonymes, pour beaucoup Kabyles, sont là également, comme Mourad Benboudaoud qui aimerait que "tout ça s'arrête". "On ne tue pas des gens comme ça, pour des caricatures. Ces gens-là ne sont pas des musulmans, ils n'ont rien à faire avec l'islam, ce sont des monstres", ajoute-t-il. Un hommage au correcteur de Charlie Hebdo est aussi prévu jeudi dans son village natal en Kabylie, Ath Larvaa. Mustapha Ourrad a été tué lors de l'attaque menée par deux jihadistes contre Charlie Hebdo, qui a décimé la rédaction du journal, menacé à plusieurs reprises par des groupes islamistes pour sa publication de caricatures du prophète Mahomet.