Le coordinateur du Pôle des forces de changement, Ali Benflis, a déclaré, hier lors de sa conférence de presse tenue à Alger, que «le régime politique en place est aujourd'hui dos au mur». A «l'impasse politique à traiter, aux dangereuses contestations sociales qui le dépassent, s'ajoute une autre crise née de l'effondrement des cours pétroliers qui le privent des moyens de continuer à acheter sa stabilité et sa survie». L'Algérie est une immense caserne de pompiers. On éteint les feux au fur et à mesure qu'ils apparaissent sans vision à long terme.» Or, ce régime politique «n'est ni en position ni en capacité de faire face à toutes ces crises», estime-t-il. Il lui manque pour ce faire «la légitimité, la crédibilité et la confiance qui, seule autorise la prise de décisions courageuses». Il a qualifié le projet de l'amendement de la Constitution que le pouvoir s'apprête à remettre sur la table en invitant l'opposition à rejoindre les consultations, de «diversion». La crise de régime «a mené le pays à une impasse politique, économique et sociale». Les manifestations de ce péril grave sont visibles: «Le pays n'est plus dirigé et n'est plus gouverné, les manifestations, les émeutes et les foyers de crises et de tensions se multiplient dans des régions entières, livrées au pourrissement et au voisinage immédiat, les menaces s'annonce llent». Nos gouvernants apparaissent «impuissants face à la crise politique, économique et sociale et sont dans l'incapacité de produire des initiatives et des mesures convaincantes et crédibles pour en sortir le pays». Le remaniement gouvernemental annoncé est considéré comme un «énième replâtrage face à une crise pourtant multidirectionnelle». «A bout de souffle, à court d'imagination et impuissant face aux difficultés qu'il a lui-même créées, le régime politique en place n'a rien trouvé d'autre pour faire diversion que cette véritable fable qu'est devenu le projet de révision constitutionnelle», a déclaré l'ex-candidat à l'élection présidentielle d'avril 2014. Ce projet «s'apparente à un feuilleton politique sans attraits et qui dure depuis près de quatre longues années», indique-t-il. Plus explicite, il relève que «le projet de révision constitutionnelle relève d'une décision unilatérale et d'un objectif de diversion par lesquel le régime vise à éloigner les regards de la crise actuelle et de la vacance du pouvoir qui en est le moteur». Ce n'est pas «la Constitution qui est au coeur de l'impasse politique actuelle». mais bien «un pouvoir devenu incapable d'assumer toutes les prérogatives constitutionnelles». La Constitution dont la République aura à se doter, affirme-t-il, «devra nécessairement intervenir dans le contexte plus large d'un règlement de la crise de régime et de l'organisation d'une transition démocratique véritable». La grave crise énergétique actuelle «est venue dévoiler les ravages d'une décennie de gouvernance fondée sur l'imprévoyance, le laxisme, le gaspillage et la prédation de nos précieuses ressources», a-t-il noté. D'après Benflis, nos gouvernants n'ont en tout et pour tout qu'un seul plan B et qu'un seul plan d'urgence: «Il consiste à vider les caisses des réserves de change et du Fonds de régulation des recettes.» Le Conseil ministériel restreint du 21 décembre dernier est «informel», car il n'a pas d'existence dans notre schéma de fonctionnement institutionnel officiel. Il n'aura servi qu'à ajouter «de la confusion à la confusion ambiante puisque les rares mesures improvisées sous la pression qu'il a annoncées ont été vite démenties par le Conseil des ministres du 30 décembre dernier.» La loi de finances 2015 «a été élaborée, discutée puis adoptée comme si la crise énergétique n'avait jamais existé.» Et, «le gouvernement n' a pas informé sur l' impact précis de cette crise sur notre pays ni sur sa stratégie de riposte, si tant est que celle-ci existe», fait-il remarquer. Interrogé sur le rôle de l'armée dans ce retour à la légitimité, Benflis a déclaré s'en tenir au rôle constitutionnel de l'armée, avant d'ajouter qu'elle devra occuper en cas de transition «un rôle de suivi, d'accompagnement et de garantie». Pour Benflis, «c'est face à la grave crise énergétique actuelle que se manifestent de la manière la plus fragrante cette impuissance et cette incapacité de nos gouvernants». Interrogé sur les déclarations de l'ancien président du RCD, il a commenté que «ni les tribunaux ni encore moins les initiatives des politiques ne constituent une tribune suffisante et idoine pour débattre de l'histoire, une question relevant des historiens». Paraphrasant Winston Churchill, il dira que «si le présent et le passé se querellent c'est toujours l'avenir qui paye». Benflis a enfin considéré comme «normale» la présence du ministre des Affaires étrangères algérien au rassemblement de Paris, indiquant que «l'Algérie se devait d'être présente étant donné qu'elle a été invitée».