La croissance de l'économie nationale est revue à la baisse: 3,3% en 2015 au lieu de 3,5% indique l'institution de Bretton Woods. Un «BMS» à prendre très au sérieux. Il est valable, aussi, pour 2014. La Banque mondiale table sur une hausse de 3% au lieu des 3,3% annoncés au mois de juin dernier. Au moment où les prix du pétrole ont commencé leur dégringolade. Et la fin du cauchemar, c'est pour quand? «La croissance du PIB de l'Algérie va connaître une légère amélioration durant les deux prochaines années en continuant à se raffermir pour atteindre 3,5% en 2016 et en 2017», indiquent les nouvelles projections de l'institution financière internationale répercutées par une dépêche de l'APS datée d'hier. 2015 doit voir frémir la croissance mondiale. Elle atteindrait 3% cette année, 3,5% en 2016 avant de légèrement fléchir en 2017 à 3,2%. «Après une année décevante en 2014, soutenue notamment par les prix faibles du pétrole, la reprise de l'économie américaine et l'apaisement des turbulences ayant secoué plusieurs grands marchés émergents», expliquent les rédacteurs du rapport de la Banque mondiale qui préviennent que «la chute des prix du brut va freiner l'activité économique des pays exportateurs de pétrole». Un sujet qui a été au coeur des discussions entre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika et son invité le président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolas Maduro Moros. «Le président Bouteflika est très bien informé de tout ce qui se passe actuellement, ainsi qu'en ce qui concerne les opérations que nous sommes en train de mener pour arriver à une position consensuelle et éventuellement trouver une solution à ce problème du pétrole», a déclaré M. Moros à la presse à l'issue de sa rencontre avec le chef de l'Etat. Les prix du pétrole qui ont fondu de plus de moitié depuis le mois de juin 2014 ont fini par secouer gouvernement et microcosme politique. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l'on sait que l'Algérie en tire plus de 95% de ses recettes en devises, que la paix sociale et le développement du pays en dépendent. Que la facture des importations ne cesse d'établir des records (elle devrait atteindre 65 milliards en 2015 nous dit-on) alors qu'un baril de pétrole à plus de 100 dollars lui est nécessaire pour équilibrer son budget. «Désormais, l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles des hydrocarbures», avait alerté Djamel Benbelkacem, directeur conseiller à la Banque d'Algérie dans un rapport présenté le 1er juillet 2012.On est bien loin de ces niveaux aujourd'hui. Les prix du pétrole étaient encore en baisse hier en cours d'échanges européens. Vers midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 46,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 10 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 14 cents à 45,75 dollars. Les cours de l'or noir restent plombés par une offre abondante. Le marché est inondé par la production du pétrole de schiste américaine. Elle devrait rester à des niveaux quasi record en 2015 et 2016. L'agence américaine d'information sur l'Energie (EIA), a maintenu sa prévision d'une production à 9,3 millions de barils par jour en 2015, et a prévu une hausse de l'offre l'année suivante, à 9,5 mbj. Signes que les prix du pétrole ne sont pas près de connaitre un répit. Ce qui rend l'alerte émise par la Banque mondiale encore plus redoutable.