Le pétrole continuait de glisser mercredi en Asie, le brut coté à New York frôlant les 45 dollars le baril, après les nouveaux commentaires de membres de l'Opep insistant sur le maintien de sa production malgré l'abondance de l'offre. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février cédait 34 cents, à 45,55 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février également abandonnait 43 cents, à 46,16 dollars. Alors qu'ils culminaient à plus de 100 dollars en juin, les cours s'enfoncent en raison de la surabondance de l'offre dans un contexte de faible demande. La tendance s'est aggravée fin novembre lorsque l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'est refusée à réduire sa production pour soutenir les cours, certains de ses membres les plus puissants comme l'Arabie saoudite, son chef de file, préférant préserver leurs parts de marché. "On ne peut plus continuer à protéger un certain" niveau des prix, a déclaré le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhaïl Mazroui, lors d'un forum sur l'industrie pétrolière à Abou Dhabi, en parlant de l'Opep. "Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé", a-t-il souligné, devant le Gulf Intelligence UAE Energy Forum. Le ministre koweïtien du Pétrole, Ali al-Omaïr, a lui aussi attribué la dégringolade des cours à une surproduction d'environ 1,8 million de barils par jour combinée au ralentissement de l'économie mondiale. Le ministre koweïtien a d'ailleurs écarté la tenue d'une réunion d'urgence de l'Opep pour envisager une réduction de sa production de 30 millions de barils par jour (mbj). Il est ainsi "probable que l'Opep ne bouge pas avant sa prochaine réunion en juin", relevait Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. Et aux Etats-Unis, la production ne cesse d'augmenter grâce à l'extraction du pétrole de schiste, contribuant également à la baisse des prix. L'agence américaine d'information sur l'Energie (EIA), qui émane du département de l'Energie américain (DoE), a maintenu sa prévision d'une production américaine à 9,3 mbj en 2015, et a prévu une hausse de l'offre l'année suivante, à 9,5 mbj. Les opérateurs attendaient ce mercredi les chiffres hebdomadaires des réserves d'or noir américaines pour connaître l'état de la demande dans le premier pays consommateur de pétrole au monde. La veille, les prix du pétrole ont encore reculé mardi à New York et à Londres, fragilisés par de nouveaux commentaires de membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) insistant sur le maintien de sa production malgré l'abondance de l'offre. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février a perdu 18 cents, à 45,89 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), finissant à un niveau inédit depuis le 11 mars 2009 (clôture à 42,33 dollars). Le WTI a toutefois effacé une partie de ses pertes en cours de séance après une ouverture sous les 45 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a fini à 46,59 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 84 cents. En fin de matinée, la référence européenne du brut est tombée à un nouveau plus bas depuis mars 2009, à 45,19 dollars le baril. Les investisseurs observaient avec une angoisse accrue le plongeon quasi-ininterrompu des cours du pétrole, au lendemain de la révision en baisse de leurs prévisions de prix pour le brut par une série de banques. Et une "dernière salve de propos tenus par plusieurs membres de l'Opep montre que l'organisation n'a aucune intention de réduire sa production" malgré la surabondance de l'offre et l'effondrement du marché, "ce qui a accentué la pression", a relevé John Kilduff d'Again Capital. "On ne peut plus continuer à protéger un certain" niveau des prix, a déclaré le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhaïl Mazroui, lors d'un forum sur l'industrie pétrolière à Abou Dhabi, en parlant de l'Opep. "Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé", a-t-il souligné, devant le Gulf Intelligence UAE Energy Forum. Le ministre koweïtien du Pétrole, Ali al-Omaïr, a lui aussi attribué la dégringolade des cours à une surproduction d'environ 1,8 million de barils par jour combinée au ralentissement de l'économie mondiale. Le ministre koweïtien a d'ailleurs écarté la tenue d'une réunion d'urgence de l'Opep pour envisager une réduction de sa production de 30 millions de barils par jour (mbj).
Prévisions de l'EIA Or, aux Etats-Unis, "les derniers chiffres montrent que la production va rester à des niveaux quasi record en 2015 et va même augmenter en 2016", a relevé M. Kilduff. L'agence américaine d'information sur l'Energie (EIA), qui émane du département de l'Energie américain (DoE), a en effet maintenu sa prévision d'une production américaine à 9,3 mbj en 2015, et a prévu une hausse de l'offre l'année suivante, à 9,5 mbj. Si cela se confirmait, il s'agirait, selon l'agence, "du niveau de production annuel le plus élevé dans l'histoire des Etats-Unis après l'année 1970", lorsque 9,6 mbj avaient été extraits. "Le marché est incroyablement baissier ces temps-ci", a commenté M. Kilduff. Cependant, au niveau du forage de nouveaux puits, l'effet de la chute des prix se faisait clairement ressentir aux Etats-Unis, a noté James Williams, de WTRG Economics, le nombre de puits forés ayant "connu sa plus forte baisse hebdomadaire depuis 2009, a-t-il ajouté. Au cours de la semaine achevée le 9 janvier, quelque 1.421 puits pétroliers étaient en activité, soit 61 de moins par rapport à la semaine précédente, selon la société américaine de service pétroliers Baker Hughes.
L'Opep ne peut plus soutenir les cours du pétrole L'Opep ne peut enrayer la dégringolade des cours du brut qui pèse sur les budgets fragiles de la Russie et du Venezuela, car il y a trop de pétrole et une réduction de l'offre aurait peu d'effet, ont constaté plusieurs de ses membres mardi en pointant du doigt la production américaine. "On ne peut plus continuer à protéger un certain (niveau des prix)", a déclaré le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhaïl Mazroui, en parlant de l'Opep. "Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé", a-t-il souligné, devant le Gulf Intelligence UAE Energy Forum, à Abou Dhabi. Selon des analystes, certains pays riches de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), comme les Emirats arabes unis, sont prêts à accepter un prix bas pour pousser les producteurs de pétrole de schiste, en premier lieu les Etats-Unis, hors du marché. Le cartel a décidé fin novembre à Vienne de maintenir à 30 millions de barils par jour (mbj) son plafond de production, contribuant à l'effondrement des cours qui pourrait placer les producteurs d'hydrocarbures de schiste américains dans une situation où ils risquent de produire à perte.
Pas de sommet de l'Opep Le ministre koweïtien du Pétrole, Ali al-Omaïr, a lui aussi attribué la dégringolade des cours à une surproduction d'environ 1,8 mbj combinée au ralentissement de l'économie mondiale. "On s'attend à ce que cela continue jusqu'à ce que la surproduction soit absorbée par le marché et que l'économie mondiale se reprenne. Selon les prévisions, cela n'arrivera pas avant la deuxième moitié de l'année", a-t-il déclaré. Mardi, les prix de référence du brut sur les marchés européens et américain sont tombés à leur plus bas niveau depuis mars 2009, à 46,39 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord et à 44,20 dollars pour le "light sweet crude" (WTI). Le ministre koweïtien a pourtant écarté la tenue d'une réunion d'urgence de l'Opep. Il a souligné que même si l'organisation procédait à une réduction de production de 500 000 voire d'un million de barils par jour, cela ne calmerait pas le marché car elle ne serait "même pas égale à la surproduction qui existe actuellement sur le marché". Le président vénézuélien Nicolas Maduro a lui aussi affirmé mardi qu'il n'y aurait pas de sommet des membres de l'Opep "dans les prochaines semaines". Même si cette stratégie ne fait pas que des heureux au sein même du cartel.
Venezuela et Russie fragilisés Le Venezuela et l'Iran souffrent de la chute des prix du brut, alors que l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, se refuse à baisser la production du cartel pour soutenir les prix, lasse de supporter la majeure partie des coupes. Le président iranien Hassan Rohani a assuré mardi que l'économie de son pays pouvait surmonter la chute des cours, et a prévenu les partisans d'une baisse des prix qu'ils "souffriront plus" que l'Iran. Côté vénézuélien, M. Maduro est quant à lui arrivé à Alger dans la nuit de lundi à mardi pour une visite d'Etat centrée sur la chute des prix du pétrole, après être allé plaider sa cause en Arabie saoudite. Les finances de son pays souffrent de la chute des cours du pétrole et l'agence de notation financière Moody's a annoncé avoir abaissé de deux crans à "Caa3" la note de la dette du Venezuela, estimant que le risque de faillite de cet important producteur de pétrole avait "nettement augmenté". L'agence de notation financière Fitch a évalué que le Venezuela avait besoin d'un baril à environ 115 dollars pour équilibrer son budget. D'autres pays, hors Opep, comme la Russie souffrent également du plongeon de près de 60% subi par les cours depuis la mi-juin. Le pétrole assure, avec le gaz, plus de la moitié des revenus de l'Etat russe, et la chute des cours combinée à des sanctions économiques sans précédent contre Moscou a plongé le pays dans la crise. Le rouble a perdu environ 16% depuis le début de l'année face au dollar, après une chute de 41% en 2014. Fin décembre, le ministre des Finances Anton Silouanov avait prévenu qu'avec un baril de pétrole à 60 dollars, l'économie russe pourrait subir une contraction de 5% de son produit intérieur brut en 2015 (après +0,6% estimé en 2014) et l'Etat enregistrer un déficit budgétaire de 3% du PIB après plusieurs années proche de l'équilibre. "La décision de l'Opep a enseigné une leçon aux marchés: (une baisse de production de) l'Arabie saoudite et l'ensemble du cartel ne doit plus être considérés comme acquise. Le développement de projets pétroliers à n'importe quel prix devra être surveillé de plus près maintenant que l'Arabie saoudite ne joue plus le rôle de stabilisateur des prix", commentaient les analystes d'Energie Aspect.