On s'attend à des prix qui oscilleront entre 35 et 40 dollars le baril pour l'année 2005. Le baril de pétrole brut a ouvert sur un nouveau record absolu hier à New York, à 47,35 dollars. Ce record absolu est la convergence de deux facteurs. En effet, les problèmes du géant pétrolier russe Ioukos et la situation politico-sécuritaire en Irak ont tiré les prix vers le haut. Cela en plus de l'inquiétude des investisseurs quant à la faiblesse quasihistorique des stocks aux Etats-Unis. Même si, en fin de journée, l'annonce par le leader chiite irakien Moqtada Sadr de déposer les armes, a fait reculer les prix de quelques cents, il n'en demeure pas moins que la crise irakienne continuera à influer durablement sur les prix du pétrole vu l'incapacité de l'Arabie saoudite et de l'Opep à juguler cette crise. De fait, le cartel perd son pouvoir de producteur d'appoint et de régulateur. Cette nouvelle donne fait envisager aux spécialistes trois scénarios pour 2005, dont le pire est celui d'un nouveau choc pétrolier: l'offre, perturbée par des attentats ou des troubles politiques, n'est plus en mesure de satisfaire la demande à l'occasion du pic de consommation hivernale. Cela n'est toutefois pas l'hypothèse centrale. On s'attend plutôt à des prix qui oscilleront entre 35 et 40 dollars le baril. La troisième option envisagée est celle d'un «atterrissage en douceur» et une redescente des cours. Une probabilité quelque peu incertaine, lorsqu'on sait qu'un autre géant économique a bruyamment intégré le club des consommateurs de pétrole. La Chine, avec qui l'Algérie a signé un traité de partenariat stratégique, se place comme second pays consommateur de l'or noir après les Etats-Unis. En tout état de cause, tous les scénarios envisagés prédisent un niveau de prix pour l'année à venir qui dépasse largement les 19 dollars, prix de référence fixé par l'Etat algérien pour la confection de la dernière loi de finances. Quoique la prudence adoptée par les autorités centrales est saluée par les spécialistes du domaine, il n'en demeure pas moins que l'Algérie est en passe de cumuler des réserves de change d'une importance jamais égalée depuis l'indépendance. L'on s'attend, en effet, à des recettes pétrolières record cette année, dépassant les 28 milliards de dollars, les prix de l'or noir ayant été au plus haut durant les huit premiers mois de l'année et tous les spécialistes s'accordent à dire que la tendance sera sans doute maintenue jusqu'en décembre prochain. Aussi, il est clair que la crise du pétrole constitue une aubaine pour le pays qui dispose des moyens financiers nécessaires, à même d'engager toutes les actions de développement national, sans craindre une rupture de financement à court ou moyen termes, comme cela s'est produit au milieu des années 80 où le choc de 1986 a fait dégringoler les prix jusqu'à la barre des 10 dollars durement ressenti par toute la société algérienne et qui en garde d'ailleurs les stigmates. Pour ce qui concerne l'embellie version 2004, les observateurs retiennent que les conditions géopolitiques ne sont pas les mêmes et que tout indique que l'aisance financière a encore plusieurs mois devant elle avant de commencer à fondre. Cela dit, l'enveloppe de 50 milliards de dollars destinée au programme d'aide à la relance économique n'est certainement pas étrangère à cette embellie. De même pour le plan de soutien à la relance économique, lancé en 2001, après une année 2000 généreuse en termes de recettes pétrolières. A ce propos, il y a lieu de souligner que les cours du pétrole n'ont cessé d'augmenter ces quatre dernières années jusqu'à atteindre les records absolus d'hier. Et c'est donc sous des vents favorables que le pays a évolué et l'on s'attend à ce que la vitesse de croisière de la relance économique soit atteinte dès l'année prochaine, grâce justement à la manne pétrolière, mise, faut-il le souligner à profit par les autorités centrales, pour amorcer de sérieux partenariats avec des pays occidentaux, à l'image de l'Espagne, l'Italie et la France. Il est évident, en effet, que les niveaux appréciables de réserves de change font de l'Algérie un pays économiquement attractif et le mettent au centre des convoitises des grandes puissances qui cherchent des débouchés pour leurs économies.