S'achemine-t-on ainsi vers un passage en force ou un moratoire. Les citoyens du sud du pays continuent à exprimer leurs angoisses, préoccupations et inquiétudes face aux éventuels dangers de l'exploitation des gaz et des huiles de schiste par fracturation hydraulique. Les manifestations entamées depuis le début de mois en cours au sud du pays, ne semblent pas près de s'arrêter. Selon de nombreux observateurs, les événements de In Salah et de Tamanrasset reflètent une réelle rupture du dialogue social. Les citoyens qui s'opposent fermement et avec persévérance à l'exploitation du gaz de schiste poursuivent leur mouvement à In Salah. Des centaines de personnes se sont rassemblées, hier encore, devant le siège de la daïra de In Salah à Tamanrasset pour réclamer l'arrêt du forage pilote de gaz de schiste et l'accélération des projets de développement dans la région. Quelle réponse sera réservée à ce dossier par le gouvernement? Outre l'absence du débat et du dialogue autour de cette question, les acteurs politiques dénoncent d'ores et déjà la décision unilatérale et la volonté de passage en force envisagée par le gouvernement qui avait annoncé, en juin dernier, sa décision de procéder à l'exploitation du gaz de schiste. Certains relèvent que des institutions nationales concernées, en l'occurrence le Parlement et le Haut Conseil de l'énergie, ont été écartés de la gestion et traitement de ce dossier hautement sensible de la politique énergétique de notre pays. Du côté du gouvernement, après le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, qui a tenté de convaincre et dissuader les contestataires lors de son récent déplacement sur les lieux, une délégation constituée d'officiers supérieurs de la Dgsn et du fils du chef spirituel de la zaouïa d'Adrar, s'est rendue, avant- hier, à In Salah. Le Dgsn, en sa qualité d'émissaire du chef de l'Etat, a écouté les requêtes des représentants des contestataires avant de promettre de revenir sur les lieux dans les plus brefs délais avec une décision tranchée du président Bouteflika sur ce dossier. Auparavant, le DG de Sonatrach a annoncé le maintien des forages pilotes. Dans ce contexte, une délégation des élus du FLN dépêchée par Saâdani est indésirable et risque même d'être éconduite par les manifestants d'autant plus que la loi autorisant l'exploitation du gaz de schiste a été votée haut la main par l'APN Les protestataires ne sont pas près de concéder sur leur principale revendication, à savoir l'arrêt immédiat de l'exploitation du puits expérimental d'exploitation de ce gaz non conventionnel. Une délégation des parlementaires du FFS de son côté s'est rendue, avant-hier, à In Salah où elle s'est entretenue avec des citoyens et des représentants du mouvement anti-gaz de schiste. Ce matin, la délégation du FFS s'est rendue à la place où se tient le rassemblement quotidien des citoyens de In Salah. D'autres partis se sont exprimés sur ce bras de fer entre le gouvernement et les citoyens de plusieurs wilayas du Sud. La Cnltd, regroupant le RCD, le MSP, Jil Jadid, le mouvement Ennahda, le FJD et l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour, a annoncé son soutien à la mobilisation des habitants du Sud contre l'exploitation de ce gaz non conventionnel qui constitue un grand risque et une sérieuse menace pour la santé et l'environnement. La plus importante richesse dont dispose la région de In Salah est plutôt sa nappe phréatique qui constitue l'une des plus grandes réserves d'eau souterraine au monde, insiste-t-on du côté de la Cnltd. Ce bloc de l'opposition note le fait que son exploitation ne sera pas rentable et ne permettra pas de répondre aux besoins intérieurs du pays, de plus en plus importants. Les recettes qui seront générées par la vente du gaz de schiste ne pourront en aucun cas combler le déficit en fiscalité pétrolière due à la chute brutale des prix du pétrole. Le collectif du «non à l'exploitation de gaz de schiste «réclame un moratoire, la réactivation de Conseil national de l'énergie et l'instauration d'un débat national.