L'enfant de Mekla a certainement fait regretter les Français de l'avoir boudé. La première phase des éliminatoires de la boxe s'est achevée sur un bilan mitigé pour les représentants algériens. Sur les sept boxeurs engagés au départ, trois sont parvenus à passer ce premier cap et peuvent encore envisager une place sur le podium. Mais le chemin est encore long pour eux dans la mesure où pour atteindre les demi-finales, synonymes d'une médaille de bronze assurée, ils devront passer avec succès trois autres combats. Parmi les quatre éliminés du premier tour, un seul n'a pu aller au bout de son combat. Il s'agit du super welter (64 kg) Nasreddine Fillali, qui a cédé par arrêt de l'arbitre au deuxième round face au Bulgare Boris Georgiev. Nasreddine a fait ce qu'il a pu mais il est tombé sur un boxeur très fort dont les observateurs ici à Athènes estiment qu'il a de grosses chances d'aller au podium. Dans la catégorie des welters (69 kg), Benamar Meskine est également tombé sur plus fort que lui, à savoir l'Américain Vanes Martirosyan, vainqueur par 45 points à 20. chez les plumes (57 kg), Hadj Belkheïr a dû subir la loi du Russe Alexeï Tichtchenko (37 à 17). Enfin lors de l'ultime journée de la première phase des éliminatoires, Mebarek Soltani a été dominé dans la catégorie des mouches (51 kg) par le Russe Georgy Balashkin. L'entraîneur national Rabah Hamadache n'a pas contesté la légitimité de la victoire du Russe. «Après un premier round équilibré, nous a-t-il dit, Mebarek a reçu une terrible droite au début du second round. Ce coup l'a désarçonné et a permis à son adversaire d'ajouter d'autres points. Dans les troisième et quatrième rounds, Mebarek a tenté de réagir pour rattraper son retard. Mais à chaque fois qu'il se ruait sur son adversaire, l'arbitre l'arrêtait. C'est vraiment dommage surtout que Mebarek n'a pas été servi par le tirage au sort. Il est tombé sur ce Russe qui est vraiment très fort, alors que le Marocain et le Botswanais qui ont combattu après lui étaient largement à sa portée». Cette déception du camp algérien en cette ultime journée de la première phase des éliminatoires a vite été dissipée par la très belle victoire de Malik Bouziane sur le Français Ali Hallab (un Algérien d'origine) dans la catégorie des coqs (54 kg). Incontestablement, la défaite de leur poulain a fait du mal aux Français. Dans le même temps, Malik Bouziane s'offrait une magnifique revanche sur le sort. Effectivement, émigré, ce dernier boxe pour le compte du club de Massy dans la région parisienne. Pendant longtemps, les Français lorgnaient vers lui pour leur sélection. De son côté, le président de la Fédération algérienne de boxe, le Dr Mohamed Soltani, contacté par l'entraîneur de Malik en France, Karim Bouzidi (un Algérien) a entrepris des démarches pour convaincre le boxeur d'endosser le maillot de l'Algérie. Ces Français, sentant Malik leur échapper, optèrent alors pour Ali Hallab et firent tout pour entraver la marche en avant du boxeur algérien. C'est ainsi que lors d'une demi-finale au dernier championnat de France, qui se passait, pourtant, à Massy (le club de Bouziane), le système de décompte électronique se bloque comme par hasard. Au décompte manuel, la victoire fut donnée à Ali Hallab. Bouziane entame des démarches pour réparer ce qu'il considérait être une injustice contre sa propre personne. Il alla jusqu'au tribunal arbitral des sports français, mais il lui fallait payer une somme extraordinaire pour que sa réclamation soit retenue. C'est ainsi que Bouziane a dit oui au Dr Soltani et est venu rejoindre le camp des boxeurs algériens. Le hasard faisant parfois bien les choses lui «offrit» en guise d'entrée en matière dans le tournoi olympique le même Ali Hallab qui l'avait battu irrégulièrement lors du championnat de France. Et cette fois-ci, il a su rétablir la vérité du terrain en s'imposant devant le Français sur le score de 19 à 16. «Je connaissais Ali, nous a dit l'enfant de Mekla en Kabylie. J'ai suivi les conseils du coach national et j'ai pu contenir ses assauts. Je ne prends pas cette victoire comme une revanche, mais au moins elle aura permis de montrer qu'en championnat de France, ma défaite était injuste. Aujourd'hui, je suis fier de défendre les couleurs de l'Algérie, tout en sachant qu'en France, j'ai de nombreux supporters». Et parmi ces supporters, un certain Brahim Asloun, champion olympique à Sydney en 2000, le Français d'origine algérienne (il est de Bousaâda) qui est venu le congratuler immédiatement après sa victoire sur Hallab. Bouziane a montré de fort belles qualités, mais de là à dire que la voie vers le podium est toute tracée pour lui est un pas que nous ne franchirons pas. Certes, il a éliminé avec Hallab un rude concurrent (les Français voyaient en lui une médaille d'or potentielle), mais il aura fort à faire lors du tour suivant (qui aura lieu ce vendredi en soirée) face au Russe Gennady Koualev, médaillé d'argent lors du dernier championnat du monde (2003) à Bangkok en Thaïlande. Même s'il passe ce tour, il a de grosses chances d'affronter ensuite le Cubain Guilleromo Rigondeaux Ortiz, le champion olympique en titre et champion du monde en 2001 à Belfast (Irlande du Nord). Pour ce qui est de Kenzi Abdelhani, il boxera aujourd'hui à 15h00 locales (13h00 en Algérie) face à l'Ouzbek Utkirbek Haydarov, dont le palmarès donne une place de 1re (médaille d'or) au championnat du monde de 1999 à Houston aux USA, de 2e (médaille d'argent) au championnat du monde 2001 à Belfast en Irlande du Nord et de 5e en championnat du monde de 2003 à Bangkok en Thaïlande. Mais tous ces titres, il les a obtenus dans la catégorie des poids moyens alors qu'à Athènes, il combat dans celle des mi-lourds. Enfin, Nabil Kassel remontera sur le ring ce samedi dans l'après-midi et affrontera dans la catégorie des 75 kg (moyens) le Roumain Marian Simion, champion du monde chez les moyens-légers en 1999 à Houston (USA) et médaille d'argent toujours chez les moyens-légers lors des jeux Olympiques de Sydney en 2000.