Probablement, la réception des courriers ne manquera pas de faire des mécontents. Attendus pour avant-hier, les résultats de l'opération de l'orientation des nouveaux bacheliers ne sont toujours pas connus. Pourtant, les 202 615 nouveaux bacheliers, affirme-t-on au niveau de toutes les universités et instituts, sont destinataires de courriers postaux où il leur est notifié les décisions des commissions pédagogiques. De plus, l'INI (l'Institut national de l'informatique) a promis de communiquer les suites réservées aux fiches de voeux aussitôt que l'opération toucherait à sa fin. Une autre fausse note qui ne fera que compliquer davantage une situation déjà minée par moult incertitudes. Hier, la fac centrale d'Alger - le centre névralgique de l'université d'Alger - était presque déserte. Exceptée la bibliothèque qui a ouvert ses portes aux rares étudiants qui s'y rendaient, tous les autres blocs, l'administration comprise, étaient hors service. L'ambiance reflétait un laisser-aller incompréhensible. En cette période où les préparatifs d'une rentrée universitaire devraient aller bon train, l'administration baigne dans une indifférence déconcertante. Du coup, l'inconvénient majeur à redouter est la prorogation des délais de recours. Ceux-ci fixés initialement du 23 juillet jusqu'à la fin de ce mois risquent un retard considérable. Plus les orientations tarderont à être communiquées, plus les recours s'étaleront au-delà du calendrier établi. Les nouveaux bacheliers sont, donc, tenaillés par l'angoisse d'attendre. La particularité, de surcroît cette année, est le fait que même ceux qui ont obtenu leur bac avec une moyenne assez éloquente ne sont pas à l'abri d'une orientation qui se déciderait en fonction de la disponibilité des places pédagogiques. C'est l'impact direct du taux de réussite au baccalauréat qui a dépassé, rappelons-le, les 42%. Probablement, la réception des courriers ne manquera pas de faire des mécontents. Les étudiants, comme de coutume, auront la possibilité d'introduire des recours pour une éventuelle revue de leurs fiches de voeux. Ce qui est craint, en revanche, c'est le non-aboutissement de ces recours non pour des raisons de sélection purement pédagogiques, mais à cause du manque d'infrastructures d'accueil. Sans aller jusqu'à évoquer un «risque d'émeute», comme évoqué par le Parti des travailleurs (PT), la situation n'en serait pas, en revanche, moins inquiétante. La tension ne tarderait point à se manifester dans les grands pôles universitaires disposant des filières très prisées. L'université d'Alger avec toutes ses Facultés, est essentiellement exposée au raz-de-marée des recours de demandes de transferts. A cause d'un déficit criant de places pédagogiques, le ministère de l'Enseignement supérieur pourrait ainsi retarder la rentrée universitaire. Les étudiants qui n'ont jamais cédé facilement ne se démarqueraient pas de leur arme favorite : la grève illimitée. Ce chaudron estudiantin est d'autant plus menaçant que même les enseignants du supérieur ont montré des signes de «nervosité» en exigeant un environnement sociologiquement «adéquat». Ils reprendront officiellement le travail le 3 septembre avec la ferme intention de ne pas se faire tailler des croupières par la tutelle. Et comme énième contrariété, les examens de rattrapage qui ne débuteront que le 7 septembre: corriger les copies avec célérité et afficher les résultats dans les meilleurs délais n'est aucunement le point fort de nos universités. Tout cela, à vrai dire, n'est qu'un infini rabâchage puisque la détérioration de l'université algérienne n'est point un fait inédit.