Les jours de Sabahyates, l'émission matinale de l'Entv, sont-il comptés? C'est en tout cas la question qu'on se pose en regardant certains programmes matinaux présentés par les nouvelles chaînes privées. Trois chaînes privées se sont illustrées ces derniers temps en présentant des programmes matinaux assez intéressants. La première chaîne privée à lancer un programme matinal c'est Ennahar TV avec Qahwa oua Jornane animée avec brio par Mohamed Osmani. L'émission qui avait été lancée en novembre 2013, s'est illustrée par un décryptage quotidien de l'actualité politique du pays en invitant à chaque fois un invité de marque. Plus de 200 invités sont passés dans l'émission de Osmani. Au départ, c'était des hommes des médias qui étaient invités pour commenter l'actualité mais très vite l'émission se transforma en tribune politique matinale, ce qui a donné plus de poids politique à l'émission. Mais la matinale demeure une émission généraliste plus dédiée à la société qu'à la politique. Ennahar TV s'est contentée de rester dans l'info. C'est Dzair TV qui a créé la première matinale complète dans le paysage audiovisuel privé. Sabah Dzair est une émission où on touche à tout: politique, économie, culture, société ou divertissement. Mais l'émission manque de «grunch» (trop académique) et souffre sensiblement de décontraction, ce qui ressemble fortement à ce qui se fait sur la télévision publique. La chaîne Echourouk TV a mis elle aussi le paquet sur le créneau matinal avec Echourouk Morning sur le canal d'information News. Pour ce faire, la direction n'a pas hésité à recruter un ancien de l'Entv, qui était cachetier. Mais Echourouk Morning (qui a été conçue spécialement comme une émission matinale) est plus prête du JT matinal que d'une émission de divertissement. Car le concept de l'émission matinale est d'être proche de la ménagère de plus de 30 ans ce qui ouvre la voie à plein de reportages sur le quotidien de la femme au foyer. Pour cela il faut des chroniqueurs très spécialisés, ce que la télévision privée tarde à décrocher. La cuisine, le jardinage, la couture mais aussi les actions quotidiennes qui occupent la journée des Algériens comme la culture, la santé et l'éducation, sont prioritaires. Sur ce plan, c'est la télévision publique qui est dans son rôle, puisqu'elle passe en revue les activités de la société algérienne même si parfois elle fait face à des barrages administratifs comme inviter un diplomate pour parler d'une activité culturelle ou encore donner la parole à un artiste qui critique le secteur. Ce que les télévisions privées commencent à bien faire. C'est le cas de KBC qui a filmé la rencontre de l'ambassadeur de France avec les caricaturistes algériens, pour dénoncer les attentats de Charlie Hebdo. Dans ces télévisions certaines parlent de musique et de danse, d'autres de gâteaux et de kaftan et d'autres de politique et de liberté individuelle. Mais aucune télévision algérienne n'est aussi complète que les «matinales» qui sont produites sur les télévisions arabes ou occidentales. En définitive, pour le téléspectateur algérien, il y a de la place pour tout le monde, il suffit de choisir son programme. [email protected]