Les instructions sèchement assénées aux policiers chargés de la sécurité du siège de la cour d'Alger sise au Ruisseau en pleine place Emiliano Zapata les ont menés jeudi, à la mi-journée et leur officier en tête à à vouloir embarquer un avocat à qui il a été reproché, selon des témoins présents sur les lieux, outre le non-port de la robe noire mais encore en pleine salle, d'audience et, ô sacrilège pour un flic posté à proximité du box, avec un... détenu. Très vite l'incident prend d'énormes proportions surtout qu'il y a des avocats qui ont un trop-plein d'amertume vis-à-vis de la justice. Il y avait d'un côté, une petite brigade de jeunes flics à l'écoute de leur officier pourtant très bien estimé pour la lourde tâche qu'il porte sur les épaules Aussi vite, les esprits s'échauffent au moment où les avocats entendent l'officier ordonner l'incarcération dans les geôles de la cour. Déjà plusieurs avocats déploraient ce regrettable incident qui a tendance à se répéter. Et la mêlée du 2e étage ressemblait à une véritable émeute. Du haut de ses cent quatre-vingt neuf centimètres, Maître Noureddine Benissad, qui porte une double casquette, avocat et président de la Ligue des droits de l'homme, intervient, se place au milieu et repousse les policiers d'abord et ses confrères survoltés, notamment Maître Boughaba, Maître Mohamed Bouaïchaoui, Maître Saïd Dadache, Maître Akila Teldja-Drif, Maître Habib Benhadj, Maître Samir Khadraoui qui a juré que son confrère ne rejoindra jamais les geôles. Puis surgit le bâtonnier Abdelmadjid Silini qui allait renverser la situation, calmer ses troupes et discuter avec Abdelkader Mihoubi qui l'accompagnera chez Belkacem Zeghmati, le procureur général, ce responsable de dialogue qui a vite su trouver une ouverture de cette triste histoire dont les principaux auteurs demeurent les flics qui n'ont jamais probablement été sensibilisés sur le respect de la robe noire. Hors de lui, malgré l'accalmie et en attendant l'enquête ouverte, Maître Mostefa Bouchachi qui avoue avoir une profonde et sincère estime pour les éléments des services de sécurité, ne veut pourtant pas lâcher cet officier de police qui a commis des dépassements à l'encontre des avocats: «Il faut tout de suite poursuivre cet officier et donc déposer rapidement une plainte». Voire... ou encore cet avocat, pourtant au sang de lézard vert, estime que l'auteur qui a dégainé son «Taser» contre les avocats ne peut plus être pris pour un garant de l'ordre et donc il est à poursuivre! Maître Azizi Brahimi, lui, trouve grave ce qui s'est passé ce jeudi dans l'enceinte de la cour: «Ce n'est pas un malentendu. Il faut battre en brèche les atteintes de certains agents de l'ordre et faire cesser le désordre.» Maître Nabil Oucherif estime lui que la position du bâtonnier est constructive. En effet, Silini a vite fait de dire sa colère à l'encontre des policiers prompts à user de violence mais trouve juste de ne pas faire grève car ces incidents n'ont pas été créés par les... magistrats du siège ou du parquet. Donc, attendons les résultats de l'enquête ouverte par Zeghmati qui ne mérite pas cette tuile en début d'année car Alger, dans tous les cas de figure, ne mérite pas cette image défigurante!