L'Algérien aura été le premier nageur arabe à disputer 2 finales olympiques. Salim Ilès ne sera pas venu à Athènes pour rien. Quatre heures avant qu'il ne plonge dans la piscine, nous l'avions rencontré au Village olympique et il nous avait fait part du rêve qu'il caressait, celui de décrocher une finale olympique. «A Sidney, il y a quatre ans, je n'avais pas pu dépasser le stade des demi-finales. Ce serait formidable ici, si je pouvais accéder à un palier supérieur. J'en éprouverais une grosse satisfaction morale». Mercredi matin, il s'est élancé dans la 9e série des qualifications du 100 m nage libre, celle de Popov et de Thorpe. Il ne termine que quatrième, réalisant un 49''72, soit le 16e temps de toutes les séries. C'était juste suffisant pour accéder aux demi-finales. L'après-midi, il fut aligné dans la première de ces demi-finales toujours avec Popov et Thorpe à ses côtés. Cette fois-ci, il sut franchir un palier supérieur pour atteindre un objectif. Car non seulement Salim se qualifia pour la finale, il réussit la prouesse de terminer premier de sa course. Pour ceux qui restent sceptiques sur sa performance, il faut savoir que pour la première fois depuis une éternité, la finale olympique fut disputée sans aucun Américain et on sait ce que vaut l'école de ce pays dans le domaine du sport nautique. Popov, le grand Alexander Popov, le tsar de la natation, multiple champion olympique et du monde en était, également éliminé. A partir de là, on mesure la performance du nageur algérien qui s'est élancé dans le couloir 2 lors de la finale qui a eu lieu mercredi soir. Un couloir guère favorable pour celui qui cherche à accrocher une place sur le podium. Cela ne l'a pas empêché de réaliser une fort belle première partie de course puisqu'aux 50 mètres, il vira en 2e position en 23''18 derrière le Sud-Africain, Ryk Neethling. Dans la dernière longueur, il faiblit et fut débordé par les autres nageurs en dehors du Russe Andrey Kapralov qui réalisa le même temps que lui (49''30). «La natation est ainsi faite», nous a-t-il dit à sa sortie du bassin. «Vous pouvez faire un top comme vous pouvez craquer. Pour ma part, je n'ai aucun regret car j'ai donné le meilleur de moi-même. J'ai travaillé durement pendant de nombreuses années et cette place en finale d'un 100 m olympique qui fut l'une des courses les plus rapides de l'histoire me comble de joie. Je pense que c'est là le sommet de ma carrière». Mais Salim ne pouvait s'arrêter là. Le lendemain, c'est-à-dire jeudi, il était convié à repartir de nouveau en compétition pour disputer le 50 m nage libre. Lorsque nous l'avons questionné au sujet de cette course, juste après sa finale du 100 m, il nous indique qu'il n'attendait pas grand-chose d'elle. «Ce n'est pas ma grande spécialité. Je vais la disputer et voir ce que je vaux». Il fut aligné dans la dernière série (comme pour le 100 m) avec à ses côtés le champion olympique du 100 m, le Hollandais Van Den Hoogenband, le vice-champion olympique de cette même distance, le Sud-Africain Schoeman ainsi que l'Américain Gary Hall deuxième meilleure performance mondial de tous les temps. Et pour quelqu'un qui se disait non expert sur une telle distance si courte, il se débrouille pas mal puisqu'il vient toucher le plot en deuxième position, derrière Gary Hall, améliorant son meilleur temps (22''45) de quelques dixièmes (22''26). Dans cette série, Van Den Hoogenband passe à la trappe en terminant 7e. Salim était donc en demi-finale et fut aligné jeudi soir dans la première d'entre elles. Il hérita d'un bon couloir (le 5) et pu sortir à son avantage dans la mesure où il ne fut dépassé que par le Sud-Africain Schoeman et l'Australien Hawke tout en améliorant encore son meilleur temps (22''26). Pour lui faire rater la finale, il aurait fallu que la seconde demi-finale soit explosive. Or, son vainqueur, l'Américain Lezak, fit mieux que Ilès en 22''12. Salim se retrouvait ainsi, une nouvelle fois, dans une finale olympique et avait son destin entre les mains.