Dans un entretien téléphonique, Roger Hanin nous raconte ses débuts dans le théâtre et sa relation avec le cinéma. L'Expression: Votre carrière d'acteur a été déterminée un peu par hasard alors que vous poursuiviez un cursus universitaire. Qu'est-ce qui a été le détonateur de votre carrière de comédien? Roger Hanin: Je poursuivais des études de pharmacie et comme beaucoup d'étudiants, j'étais à la recherche d'argent. Un ami m'a proposé de faire de la figuration dans le Procès de Jeanne d'Arc. Fasciné par le monde du théâtre, j'ai obtenu un rôle dans la pièce de Françoise Dorin «Les Aveux les plus doux». A partir de là, ma passion théâtrale est devenue absolue. Ayant abandonné mes études de pharmacie, je n'ai plus quitté le monde du spectacle. Qu'a apporté votre expérience d'homme de théâtre à votre travail d'acteur de cinéma? Mon passage entre le cinéma et le théâtre a été constant. Le cinéma exige une musique intérieure que chacun porte en soi. C'est ce fil d'Ariane qui détermine chaque fois cette situation intimiste propre au travail d'acteur de cinéma. Le comédien aborde une pièce de théâtre comme un univers plus structuré en ce sens que toutes les données de la pièce (costume, linéarité du texte, mise en scène) lui sont accessibles en permanence. Donc pour moi, je développe sur scène mon personnage d'extraverti et j'éprouve une espèce de jubilation dans l'aller-retour immédiat du comédien et du public, l'un ne pouvant exister sans l'autre. Né le 20 octobre 1925 à Alger, Roger Hanin, une fois en France, poursuit des études de pharmacie, lorsqu'un ami lui propose de faire de la figuration théâtrale dans «le Procés de Jeanne d'Arc». Commencé par hasard, et pour gagner un peu d'argent de poche, ce métier devient vite une passion et une évidence pour lui. Il décide donc de suivre des cours chez Michel Vitold et Tania Balachova entre autres. Parallèlement, il obtient ses premiers petits rôles à l'écran La môme vert de gris, Le chemin de Damas. Dès lors il tourne beaucoup en France, avec Marc Allégret, Henri Verneuil... et à l'étranger avec Jules Dassin, Luchino Visconti..... Dans les années 60, il reprend le rôle du Gorille, et on le voit dans de nombreux films policiers, mais également dans nombre de comédies. La télévision lui réservera de superbes rôles: Au bon beurre, Les grandes familles. Son rôle de commissaire dans la série Navarro, fera de lui l'un des acteurs les plus populaires de France. (Sept d'Or pour ce rôle en 1991). Au cinéma, passant de l'autre côté de la caméra, il met en scène ses propres films et renoue, dans les années 70 avec des personnages forts et émouvants Le coup de sirocco, Train d'enfer, Un coupable. Mais le théâtre continue d'avoir une grande importance dans sa carrière...tout comme la littérature. Créateur du festival de Pau en 1977, il met en scène et joue classiques et moderne. En 1985, il publie Le voyage d'Arsène chez Grasset. Depuis, se sont succédé, toujours chez le même éditeur: Les gants blancs d'Alexandre, Les sanglots de la fête, L'Hôtel de la vieille lune, et aujourd'hui Dentelles. Romancier dans la grande tradition balzacienne mâtinée de surréalisme et de truculence, Roger Hanin nous livre donc depuis des années, sa «Comédie humaine», moderne et haut en couleur.