Sorti depuis hier sur le territoire national, ce film se veut une parabole sur la situation sociale de notre pays laminé par le poids des tabous...Un hymne à la liberté de la femme et à la tolérance. C'est devant un parterre conquis et fou de rire qu'a eu lieu l'avant-première nationale du film Mascarades de Lyès Salem, consacré récemment meilleur film au Festival d'Angoulême. Dans cette comédie à l'italienne, Lyès Salem a voulu, à travers cette fille atteinte de narcolepsie (Sarah Reguieg), symboliser tout le pays qui tente avec peine, de se réveiller de sa torpeur si ce n'était les tabous et autres avatars (l'hypocrisie, le qu'en dira-t-on, et les faux-semblants) qui le tirent vers le bas et le maintiennent dans l'obscurantisme. Malgré sa forme ainsi drôle, le film reste grave et profond, et même si l'espace social est celui de l'Algérie (nous, nous le savons), on peut dire que le temps s'est quasiment arrêté dans ce bourg perdu. La pertinence de ce film le rend de ce fait universel et sympathique par la thématique qu'il véhicule...comme l'amour impossible de ce couple qui brave le danger, surtout les traditions, pour imposer le changement. Le cours de cette histoire. Mascarades, a ainsi tous les éléments pour plaire et attirer le public. Une mise en scène bien orchestrée, un jeu d'acteur à la hauteur (Rym Takoucht, Mohamed Bouchaïb, Mourad Khan...) et surtout une trame bien filée. Bref, un bon scénario signé par le réalisateur qui joue aussi le rôle de Mounir Mekbel, un jardinier se faisant passer pour un ingénieur qui rêve de marier sa petite soeur malade à un richissime personnage fictif...Mascarades est à l'affiche à partir d'aujourd'hui dans 10 villes en Algérie.(Oran, Sidi Bel Abbès, Tiaret, Blida, Tizi Ouzou, Sétif, Béjaïa, Constantine, Annaba) et sur trois écrans à Alger, (Algéria, Cosmos et El Mougar jusqu'au 31 septembre). Un film à la taille de cet événement. Rencontré juste avant la projection, Lyès Salem nous parle... L'Expression: Comment avez-vous choisi Mourad Khan? Je le connaissais juste comme ça, de façon rapide. Après on a fait des essais et ça été concluant. C'est quelqu'un qui se prête beaucoup au travail et aux conseils donnés. Il écoute beaucoup. Comment vous-est venue l'idée du scénario? Quand j'écrivais le scénario, j'avais passé un petit mois à Alger. J'étais avec mon petit frère dans la voiture. C'était il y a un an et demi à peu près. On passe à coté d'El Harrach. Il me dit, tu vois dans cette station d'El Harrach, il y a un python de six mètres, il a mangé une poule, ils ont fait venir le préfet, des Russes pour l'attraper. Je lui ai répondu, arrête de dire des bêtises! En fait, je me suis retrouvé moi-même à raconter cette histoire, en y croyant moi-même, à un ami qui m'a rejoint, qui m'a dit pareil. Arrête les conneries, ce n'est pas possible. Alors que je n'avais effectivement rien lu ni vu. Ce n'est pas le téléphone arabe. C'est une rumeur qui, tout d'un coup, on a envie de croire, va savoir pourquoi. L'ennui peut-être... Pourquoi le terme Mascarades, est-ce parce qu'il renvoie aussi aux blagues de Mascara? Non pas du tout. Pour dire franchement les choses, quand j'ai commencé à écrire le film, je voulais que l'histoire se passe du côté de Mascara, c'est pour ça qu'on arrive à ce titre Mascarades. J'avais confondu les régions. Pour moi la région où se passe le film est très aride alors que Mascara est la région de la pomme de terre et ce n'est pas du tout pareil. J'ai préféré tourner dans les Aurès.. Un mot sur votre consécration au Festival du film francophone d'Angoulême? Eh bien! Que pourrais-je dire si ce n'est que cela fait plaisir! Il y avait dix films en compétition, du Québec, de la Belgique, du Sénégal et d'Algérie. Le Prix ne me donne pas l'envie de continuer à faire des film comiques mais plutôt cela me conforte dans mon envie de continuer à faire du cinéma. Pour l'instant, je compte vivre la sortie de Mascarades ici en Algérie puis en France. Quels genres de films Lyès Salem affectionne le plus? Beaucoup. J'aime le cinéma donc des tonnes de films en tous genres qui peuvent me toucher d'Ikezawa à Youssef Chahine en passant par Chaplin. Je crois que tout contexte a son cinéma. Aujourd'hui, c'est la comédie, peut-être demain un film social que je ferai... Pourquoi avoir choisi de prendre le premier rôle dans le film et le réaliser en même temps. Cela n'a pas été pour vous difficile d'être à la fois derrière et devant la caméra? J'ai d'abord une formation d'acteur. C'est ce que je sais faire. C'est un peu difficile, mais s'il faut s'arrêter à chaque fois que c'est difficile.... Vous attendiez-vous à un tel succès et aviez-vous des appréhensions? Non, tu ne penses pas à ça quand tu commence à écrire un film. J'avais envie que le spectateur algérien se retrouve dans ce film. Ikezawa fait en film pour les Japonais dans lequel tout le monde se retrouve. Pourquoi pas un film algérien? Chronique des années de braise, y a beaucoup de gens qui s'y retrouvent. Pour ce faire, cela se devait d'être à la hauteur de ce qu'avait l'habitude de voir le public, c'est-à-dire, techniquement impeccable, bien joué...Sinon, l'histoire c'est aussi montrer au monde, en tout cas aux autre pays internationaux dans lequel le film va passer, ce qu'est l'Algérien, comment il vit, comment il pleure, comment il rigole, quel est son humour, si ça ne plaît pas, tant pis pour eux. On est comme ça. On ne va pas changer.