Toutes les appréhensions formulées à l'annonce des résultats du Bac sont en passe de se confirmer. Après un suspense qui aura duré plus d'un mois, les résultats de l'opération des orientations tombent tel un couperet sur les têtes des nouveaux bacheliers. De fait, seulement 40% d'entre eux sont affectés dans les filières de leur choix. Ces résultats, pour préliminaires qu'ils soient, n'en sont pas moins inquiétants. Pour le moins, ils confirment l'impossibilité des universités à offrir à tous les bacheliers une place pédagogique décente qui corresponde à leur profil. Ce faisant, les «assurances» du ministère de l'Enseigne-ment supérieur sont, à la veille de la rentrée universitaire, battues en brèche. Cela étant, la tutelle ne s'est pas empêchée de ...se féliciter du fait que «40% des nouveaux bacheliers sont orientés dans les branches qu'ils ont sélectionnées dans leurs fiches de voeux». Objectivement, il n'y a pas de quoi pavoiser. Les appréhensions, que d'aucuns avaient émises dès la communication du taux de réussite au baccalauréat, se confirment. En effet, la période des recours qui débute aujourd'hui pour prendre fin le 31 de ce mois sera certainement des plus tapageuses. Elle le sera à cause du nombre des postulants (60% des nouveaux bacheliers peuvent user de cette procédure). Il faut dire, à ce propos, que le traitement des recours a été de tout temps le maillon faible de la gestion universitaire. Les étudiants rapportent intarissablement des faits désolants, empreints de passe-droits et de dérives. A travers ces pratiques, l'université algérienne se révèle sous son vrai visage: un établissement de toutes les anomalies. Tout préjugé gardé, l'université ne semble pas en mesure d'accueillir un nombre aussi important d'universitaires auquel elle ne s'était point préparée. Donc, c'est dans cette atmosphère tendue, où l'anarchie côtoie l'incertitude, que les nouveaux bacheliers se rendront aux universités; les uns - la minorité - pour effectuer leurs inscriptions pédagogiques, les autres - la majorité - pour entamer un cycle de pérégrinations harassant dans l'espoir de ramener la commission pédagogique à revoir son appréciation à leur sujet. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les administrations universitaires n'ont pas jugé utile d'ouvrir leurs portes afin de se mettre dans le bain de la reprise. La fac centrale et l'université de Bouzaréah, les principaux campus au niveau d'Alger, étaient fermées hier, soit une journée avant les grands afflux. Nulle note informative n'y a été affichée bien que les circonstances l'exigent amplement. A se référer aux moyens rudimentaires disponibles, décrits officiellement comme «un effort gouvernemental considérable», il est vraiment incertain que les inscriptions prennent fin le 6 septembre prochain. Les universités sont appelées à revoir leurs calendriers, menacés par de multiples perturbations. Au retard accusé dans la communication des résultats des pré-inscriptions, s'ajoute le spectre - qui se dessine au fil des jours - d'un dépôt record de recours. Pour les désagréments qui en découleront et dont nous avons assez fait cas, il est sincèrement inutile d'en reparler davantage. Le tout est à constater à travers les voix qui s'élèvent en proposant, faute de palliatif, le prolongement des cours au delà de...20h. Une nouvelle «ingéniosité» qui n'a pas été prévue initialement. Il est vrai que face à une situation aussi inextricable, les solutions les plus désespérées paraissent encore être les meilleures.