Le caractère inconciliable de ces deux visions antagoniques fait perdurer une profonde crise politique qui s´exprime actuellement au plan militaire Après moult tentatives infructueuses de désarmer les miliciens de Moktada Sadr , ou à défaut, de les déloger du mausolée de l´imam Ali à Najaf, l´armée américaine est entrée hier en action. Des engins blindés sont entrés en action, stationnant à quelque 800 mètres seulement du lieu saint chiite. Avant cette incursion de l´armée US, des avions avaient pilonné des positions de l´armée du Mehdi dans la ville sainte, après que les négociations interirakiennes, qui devaient aboutir à la restitution de la mosquée à la plus haute autorité religieuse du pays, eurent débouché sur une impasse. La bataille du mausolée de l´imam Ali qui s´annonce inévitable, va avoir lieu sur fond de rivalité politique entre le Premier ministre Yada Allaoui et Moqtada Sadr, qui croisent le fer depuis une quinzaine de jours. Il est clair que les ambitions politiques du chef radical chiite constitue une entrave sur le chemin de Allaoui. En fait, l´enjeu du combat entre ces deux personnalités chiites, est la forme de pouvoir du futur Irak et la place de l´Etat central face aux milices qui foisonnent depuis la chute de Saddam Hussein et qui commencent à s´imposer comme l´alternative à la solution préconisée par les Américains quant à la nature du régime à Baghdad. De l´issue des tractations, dépendra l´avenir politique de l´un ou de l´autre. Le chef du gouvernement, 58 ans, est un ancien baathiste qui s´est rapproché de la CIA et a été choisi en juin à son poste par la coalition conduite par les Etats-Unis. Il est laïc, autoritaire, favorable à un Etat fédéral ayant des prérogatives en matière de sécurité avec des forces de police conséquentes et compétentes. Moqtada Sadr, la petite trentaine, est un survivant de l´ancien régime. Son père Mohammad Sadek al-Sadr a été assassiné en 1999 sur ordre de Saddam Hussein, ainsi que deux de ses frères. Il est un partisan déclaré d´un Etat islamique à l´iranienne, comme l´était son grand oncle Mohammad Baqr al-Sadr, représentant en Irak de l´ayatollah Ruhollah Khomeini et assassiné en 1980. Le caractère inconciliable de ces deux visions antagoniques, fait perdurer une profonde crise politique qui s´exprime actuellement au plan militaire, avec comme point de fixation les lieux saints de Najaf. En fait, il est établi que l´essentiel de l´équation irakienne sera résolue dans cette ville du centre du pays. Une issue strictement militaire arrangerait le Premier ministre qui auraitles mains libres dans le cas de la suppression de «l´obstacle Sadr». Par contre une solution négociée, ce qui suppose des concessions de part et d´autre, affaiblirait Allaoui au profit du chef radical chiite, déjà assez populaire en Irak. Il n´est pas exclu de voir le jeune imam chiite jouer les premiers rôles en cas d´élections générales. Ailleurs, en Irak, les violences se poursuivaient samedi. A Bagdad, dans le quartier à majorité chiite de Sadr City, trois personnes ont été tuées au cours de combats entre forces américaines et insurgés. Un soldat américain a été tué et deux autres ont été blessés par une roquette dans le sud de la capitale. Au moins 711 militaires américains ont été tués au combat depuis le début de l´invasion de l´Irak, en mars 2003. Par ailleurs, un soldat polonais a été tué et six autres blessés hier, dans l´explosion d´une voiture piégée au passage de leur convoi près de la ville de Hilla. Il s´agit du quatorzième soldat polonais tué en Irak. Deux journalistes français, Georges Malbrunot du Figaro et Christian Chesnot de Radio France Internationale, auraient, quant à eux, disparu en Irak depuis jeudi soir, a fait savoir le ministère français des Affaires étrangères. L´hypothèse d´un enlèvement n´est cependant pas étayée, aucune revendication n´ayant été reçue. Enfin, un journaliste italien, indépendant, qui travaillait dans la ville irakienne de Najaf est porté disparu et son chauffeur aurait été tué, selon les autorités et la Croix-Rouge italienne. On est sans nouvelles d´Enzo Baldoni depuis jeudi, jour où il se trouvait à Najaf, a déclaré un responsable du ministère des Affaires étrangères.