Il tient dans l'affaire du «tribunal de Sadr», un atout de taille pour détruire l'imam radical. Au lendemain de l'évacuation du mausolée de l'imam Ali à Najaf, le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, prend de l'assurance et annonce son intention de frapper fort contre tous les groupes armés qui refusent la reddition. «Nous allons les affronter avec la force (...) Il y a certains éléments de l'Armée du Mehdi qui veulent rendre les choses plus difficiles en Irak», prévient-il, allusion au refus des miliciens de Sadr de remettre leurs armes à la police irakienne. Pour Allaoui, qui a salué l'initiative de l'ayatollah Ali Sistani, dont le plan de paix a conduit à la cessation des combats à Najaf et Koufa, «rendre les armes est d'une importance capitale. Le gouvernement ne reculera pas sur ce point». Une manière, en fait, de dépasser «la paix de Sistani», aux fins d'affirmer l'autorité suprême de son gouvernement sur la vie politique en Irak. Et c'est à partir de cette volonté de tout contrôler que le Premier ministre a déclaré que «le gouvernement ne permettra pas à des groupes armés de mener des opérations à l'extérieur de Najaf, que ce soit Al-Qaîda, Zarqaoui, ben Laden ou la soi-disant Armée du Mehdi.» Une déclaration sans nuances sur la détermination de Allaoui de peser le plus lourdement possible sur les événements qui secouent son pays depuis l'invasion américano-britannique. Le chef de file de l'Exécutif irakien, dont les membres sont régulièrement les cibles d'attentats, n'a pas évoqué la résistance irakienne qui revendique une organisation hiérarchisée étendue à tout le territoire. Celle-ci, rappelons-le, se démarque des deux groupes armés cités par le Premier ministre. Une omission, sans doute volontaire, dont le but n'est ni plus ni moins que d'occulter la présence sur le terrain politico-sécuritaire d'une entité qui peut créer bien des problèmes à son gouvernement. Le premier souci de Iyad Allaoui est le turbulent imam Moqtada Sadr qu'il veut abattre politiquement après l'avoir délogé du mausolée de l'imam Ali, gràce à l'aide «désintéressée» de l'ayatollah Sistani. En effet, le Premier ministre irakien tient dans l'affaire du «tribunal de Sadr», un atout de taille pour détruire l'imam radical. Au moins 25 corps à la peau noircie et gonflée y avaient été découverts , mais une confusion régnait sur leur origine et les circonstances de leur mort. Une enquête a été diligentée, hier, pour déterminer les circonstances de ce massacre, a annoncé Allaoui. «Le gouvernement irakien ne restera pas un spectateur. La police irakienne mène une enquête pour recueillir tous les faits», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Iraqiya. Pour l'heure, la thèse retenue, implique les miliciens de l'Armée du Mehdi. La police avait en effet affirmé qu'il s'agissait de personnes exécutées par les miliciens de Sadr. Le bureau de celui-ci avait indiqué, au contraire, qu'il s'agissait de combattants de l'Armée du Mehdi tués dans les combats et transportés au tribunal avant d'être enterrés. Une riposte qui risque de ne pas tenir la route. «Une équipe (médico-légale) va enquêter sur les dates des décès, les causes des décès et les méthodes de torture. Une fois cela effectué, les autorités judiciaires se prononceront», a indiqué le Premier ministre. Cela dit, il est fort probable que l'enquête confirme la piste qui privilégie l'implication directe de l'imam chiite dans des crimes contre l'humanité. Ce qui aura pour conséquence de très probables poursuites judiciaires contre Moqtada Sadr. Un tel scénario constituerait la mort politique de l'imam radical. Et pour preuve, le même Premier ministre ose un premier diagnostic: «Je suis docteur (...) La médecine est ma spécialité. Cela pourrait faire un mois ou deux que les corps sont pourris de cette façon». Sans commentaire. Sur le terrain des opérations, la situation demeure tendue. En effet, un oléoduc a été saboté hier à l'aube dans le sud de l'Irak à quelque km du lieu où huit oléoducs ont été attaqués mercredi.