Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, qui entame dimanche à Paris une tournée européenne, assure dans un entretien publié dimanche que le programme d'austérité mené dans son pays est "très mauvais pour toute l'Europe". "Nous contestons (le programme d'austérité mené jusqu'ici) non seulement parce qu'il n'est pas bon pour la Grèce, mais parce qu'il est très mauvais pour toute l'Europe", a dit M. Varoufakis à l'hebdomadaire To Vima. "N'oublions pas que tout ceci n'est pas qu'une crise grecque. Nous avons l'Italie dont la dette n'est pas viable, la France qui sent le souffle de la déflation sur sa nuque, même l'Allemagne est entrée en déflation", dans une phase de baisse des prix, a dit le ministre. M. Varoufakis doit rencontrer dimanche à Paris son homologue Michel Sapin et le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Il se rendra ensuite à Londres et Rome, mais n'a jusqu'ici pas prévu de passer par Berlin, la capitale la plus intransigeante face à Athènes. Le ministre des Finances, après des propos incendiaires la semaine dernière sur la "troïka", ces délégués internationaux chargés de superviser la discipline budgétaire en Grèce, adopte dans cet entretien une ligne plus conciliante. "S'il y a une chose que l'Europe a su faire ces dernières décennies, c'est de produire des éléments de langage satisfaisants pour tous. Nous pouvons très facilement trouver une nouvelle fois une formulation qui leur permet autant qu'à nous de sauver la face", a-t-il dit. Le nouveau gouvernement dominé par le parti de gauche radicale Syriza veut effacer une partie de la lourde dette publique du pays, et remettre à plat les accords passés avec ceux qui la détiennent (FMI, Banque centrale européenne, Etats européens). Ces accords, en échange d'une aide globale de 240 milliards d'euros et de mesures de clémence financière prises à partir de 2010, fixent à Athènes des objectifs très contraignants, consistant à dégager chaque année un excédent budgétaire conséquent, et à faire contracter fortement sa dette, calculée en pourcentage du Produit intérieur brut, d'ici 2020. Le nouveau Premier ministre Alexis Tsipras veut au contraire ouvrir les vannes pour ranimer une économie exsangue, en réembauchant des fonctionnaires et en soutenant le pouvoir d'achat des plus modestes.