«Il n'y a dans cette mesure rien que de normal», commentent des spécialistes du secteur. La reprise en main par l'Etat du secteur de la communication poursuit son bonhomme de chemin. C'est dans le cadre de cette stratégie globale qu'il convient d'appréhender la circulaire signée par le chef du gouvernement et dont l'entrée en vigueur est prévue pour le premier septembre. L'APS, qui en fait état, citant un communiqué de la chefferie du gouvernement, souligne que «la décision du 18 août 2004 instruit les administrations publiques, les entreprises publiques économiques, les établissements publics à caractère industriel et commercial, les établissements publics à caractère administratif, les banques publiques et tout autre organisme public à acheminer, traiter et contracter leur publicité et annonces, exclusivement par le canal de l'Agence nationale de l'édition et de la publicité (Anep)». Contrairement à ce qui pourrait en être pensé a priori, il ne s'agit pas d'un quelconque retour au monopole sur la publicité. Selon des experts du secteur, qui soulignent qu'«il n'y a là rien que de normal», ajoutent que «l'Etat, disposant d'un portefeuille publicitaire qui lui est propre, a tous les droits de choisir une boîte de communication de son choix afin de gérer ce dossier». Contrairement aux «apparences» que tentent de laisser accroire certaines sources, l'économie de marché a induit un essor considérable du secteur privé, dont la manne publicitaire dépasse à présent de loin celle des entreprises et institutions étatiques. Ce n'est pas tout, car sur le plan commercial, le privé, moins lourd et moins bureaucratisé, paie mieux et plus vite, permettant ainsi aux médias de mieux gérer leurs comptes. Ouyahia, qui a déjà signé durant le mois d'août un décret régularisant le travail des correspondants de la presse étrangère, compte bien faire appliquer la mesure publicitaire nouvelle, sensée entrer en vigueur dès le début du mois prochain. Que l'on en juge: «Par cette même mesure, ajoute en effet le communiqué, il est stipulé que toute dépense de publicité et d'annonce contractée à partir du 1er septembre 2004 en violation de cette décision, sera purement et simplement rejetée par les contrôleurs financiers et commissaires aux comptes, constituera un manquement par les responsables concernés et entraînera la mise en débet des ordonnateurs l'ayant engagée». Une mesure coercitive telle qu'elle saurait décourager même les plus téméraires des «contrevenants». Reste à espérer que le gouvernement ne comptera pas se servir de cette décision afin de distribuer des bons points à sa guise, suivant la stricte ligne éditoriale de chaque journal. L'Anep, dont les compétences et le professionnalisme n'ont d'égal que ses longues années d'existence, gagnerait en effet à privilégier, dans ses choix, le professionnalisme, mais aussi les tirages et les ventes de chacun. Les titres, qui lui ont fait confiance et continuent de le faire depuis toujours, espèrent également que les règlements des dettes de cette agence se feront suivant des délais plus raisonnables. Pour sa part, Ouyahia, qui semble annoncer franchement la couleur, et qui sera forcément interpellé sur cette question lors de son université d'été, prévue jeudi à Constantine, justifie ses nouveaux choix en ajoutant dans son communiqué: «Cette décision s'inscrit dans le souci des pouvoirs publics de rationaliser la dépense publique en matière de publicité et annonces et de la rendre plus efficace en s'appuyant sur l'Anep qui aura à jouer un rôle de conseil et de régulateur au service des annonceurs publics».