L'un est de la gauche radicale, Alexis Tsipras (à droite) l'autre de la droite souverainiste, Panos Kammenos, les deux veulent sortir la Grèce des rets des institutions internationales Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, attendu hier à Rome, aura l'occasion d'expliquer cette solution lors de son entretien avec le président du Conseil italien, Matteo Renzi. Les nouveaux dirigeants grecs, lancés cette semaine dans un marathon anti-austérité en Europe, ont testé quelques idées pour obtenir au plus vite un allègement de la dette du pays, fort des derniers soutiens reçus. Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, qui devait rencontrer hier pour un déjeuner de travail son homologue italien Pier Carlo Padoan, a évoqué dans un entretien avec le Financial Times un «programme d'échange de dettes» incluant des obligations indexées sur la croissance. Selon le ministre, cité par le quotidien britannique, il ne serait plus question de réduire l'énorme dette de plus de 300 milliards d'euros, mais plutôt de la renégocier grâce à des échanges de titres, en prenant l'engagement d'avoir toujours un excédent budgétaire, dans le souci de rassurer les marchés. Les Bourses européennes ont d'ailleurs ouvert en hausse hier, sans manifester d'inquiétudes sur les négociations entre la Grèce et ses créanciers internationaux. Celle d'Athènes a ainsi grimpé de plus de 4% à l'ouverture avant de s'envoler au-delà des 6% une heure plus tard. Signe de cet apaisement, le taux grec des emprunts sur dix ans est passé hier sous la barre des 10% sur le marché secondaire où s'échange la dette déjà émise. Et l'optimisme des marchés n'a pas semblé entamé par les propos dans la matinée du porte-parole du nouveau gouvernement grec, Gabriel Sakellaridis, qui a paru relativiser quelque peu ceux du ministre des Finances. Il existe «plusieurs moyens techniques» d' «effacer» la dette grecque, et les nouvelles propositions du ministre en font partie, a ainsi affirmé le porte-parole. «Le gouvernement a une position constante qui consiste à dire que la dette grecque n'est pas viable et que pour cette raison, son annulation est nécessaire. Quand nous disons annulation, cela peut se faire à travers plusieurs moyens techniques», a-t-il expliqué. «L'une de ces solutions techniques est celle qu'a présentée M.Varoufakis lundi aux investisseurs britanniques», a-t-il ajouté. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, attendu lui aussi à Rome, aura l'occasion d'expliquer cette solution lors de son entretien avec le président du Conseil italien, Matteo Renzi, prévu hier en fin d'après-midi. Il aura face à lui un interlocuteur plutôt bienveillant, qui n'a cessé de dénoncer le «tout austérité» en Europe. Pendant les six mois de la présidence italienne de l'Union européenne (UE), qui s'est achevée fin décembre, M.Renzi a multiplié les déclarations visant à infléchir le cours d'une politique économique jugée trop centrée sur la réduction des déficits publics au détriment de la croissance. «Nous voulons déplacer la discussion sur la politique économique, de l'austérité de la rigueur vers la croissance et l'investissement», a encore rappelé lundi le chef du gouvernement italien. «Quand nous avons dit que nous voulions changer la politique économique, nous voulons la changer en Europe, mais pas seulement pour la Grèce ou pour un autre pays», a insisté M. Renzi. Lundi à Londres, le ministre britannique des Finances, George Osborne a reçu son homologue grec et estimé lui aussi qu'il était temps que la zone euro change de politique en adoptant «un meilleur plan pour les emplois et la croissance». Dimanche, Athènes avait reçu un appui inattendu, celui de Barack Obama. Il est «très difficile de mettre en place ces changements si le niveau de vie des gens a chuté de 25%. A la longue, le système politique, la société ne peuvent pas le supporter», a estimé le président américain. Malgré ces soutiens, la chancelière allemande Angela Merkel n'a donné aucun signe d'un assouplissement de sa position, restant plus que jamais la chef de file européenne de l'orthodoxie budgétaire. Les dirigeants européens, italiens compris, restent donc très prudents dans leurs discussions avec le nouveau pouvoir à Athènes.