Béji Caid Essebsi a publiquement souhaité l'aide de l'Algérie dans le combat contre le fléau terroriste Le président tunisien, Béji Caid Essebsi, est arrivé hier en début d'après-midi à Alger. Accueilli à l'aéroport Houari-Boumedienne par Abdelkader Bensalah, Abdelmalek Sellal et des membres du gouvernement, M.Essebsi effectue une visite d'Etat de deux jours à l'invitation du président de la République. L'agenda du président tunisien et la délégation qui l'accompagne sera chargé. Un entretien en tête-à-tête entre les présidents, ainsi que plusieurs rencontres avec plusieurs ministres sont au programme de la visite, qualifiée par Alger comme par Tunis de très importante au vu de l'ambition des deux pays en matière de relations bilatérales, mais également en raison de la situation exceptionnelle que traversent la Tunisie et l'ensemble de la région. L'on constate cet intérêt pour le raffermissement du partenariat dans tous les domaines, à travers le communiqué annonçant cette visite. Laquelle souligne-t-on, «offrira l'occasion aux deux chefs d'Etat de se pencher sur les voies et moyens de consolider les liens historiques de fraternité et de solidarité active entre les peuples algérien et tunisien, et de dynamiser davantage la coopération entre les deux pays, au bénéfice de leur développement mutuel et au service de la construction de l'Union du Maghreb arabe». Une volonté qui s'est traduite dans un passé récent par des concertations tous azimuts entre les deux Etats sur les voies et moyens de stabiliser institutionnellement la Tunisie, tout en coordonnant fortement sur le dossier de la lutte antiterroriste. Il convient de souligner à ce propos, la déclaration de Béji Caid Essebsi qui a publiquement souhaité l'aide de l'Algérie dans le combat contre le fléau terroriste qui ne sera certainement pas aisé et encore moins rapide. D'ailleurs, le nouveau gouvernement tunisien, issu de la dernière élection présidentielle qui a porté M.Caid Essebsi au pouvoir, a mis la lutte antiterroriste en tête de liste de son programme d'action. «La principale priorité de ce gouvernement est d'instaurer la sécurité et la lutte contre le terrorisme (...), il faut se dépêcher d'adopter la loi antiterroriste», a affirmé, hier matin, le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, à l'issue du vote de confiance du Parlement en faveur de son équipe gouvernementale. Un Exécutif construit sur le modèle algérien avec quatre formations politiques totalisant une majorité parlementaire de 179 députés sur 217. Après le succès politique de son chef du gouvernement, Béji Caid Essebsi aura donc la satisfaction de confirmer la viabilité du principe de l'alliance et du consensus dans la conduite des affaires de l'Etat. Il aura d'ailleurs en face lui, en la personne de Abdelaziz Bouteflika, un président qui a réussi la gageure de construire une majorité politique stable laquelle a permis la gestion des affaires de l'Etat sur une période assez longue et assis une stabilité politique remarquable, après la «fournaise» des années 1990. Ceci a permis un redressement de l'économie et une amélioration des conditions de vie de la société. C'est justement à cela qu'aspirent les Tunisiens qui en portant Béji Caid Essebsi à la tête de l'Etat entendaient renouer avec la croissance économique qui a fait défaut dans le chaos post-révolutionnaire. Cela dit, le président tunisien sait très bien que ce voeu ne pourra se réaliser que dans un contexte de stabilité politique et sécuritaire. Si la première condition semble acquise, après le vote de confiance accordé au gouvernement, l'aspect sécuritaire ne sera obtenu effectivement qu'avec le concours du «grand frère» comme appellent les Tunisiens l'Algérie. Une coopération étroite est déjà en vigueur, mais son renforcement est souhaité par les deux parties. Il reste que le gros morceau qui attend les deux pays et dont vont discuter les deux chefs d'Etat est bien entendu en rapport avec la situation qui prévaut en Libye et au Sahel et plus globalement ce qui advient du Monde arabe. Le communiqué de la présidence de la République a souligné que les deux présidents évoqueront «des questions d'intérêt commun, notamment au niveau des régions maghrébine et sahélienne, ainsi que de la nation arabe». Enfin, même si on voit mal Algériens et Tunisiens redresser la Ligue arabe, actuellement en piteux état, la seule idée de lancer une initiative en ce sens aura le mérite d'exister. Mais pour l'heure, l'urgence est de consolider les relations algéro-tunisiennes, dans l'intérêt de l'Algérie et de la Tunisie.