Mohamed Nebbou, secrétaire national du FFS Sur le papier, le FFS était très loin de réussir quoi que ce soit. Personne n'entrevoyait une issue à pareille initiative. Mais il faut croire que l'adversité ambiante n'a pas empêché Nebbou et ses camarades d'y croire. L'initiative du FFS a du plomb dans l'aile. Assez mal vue par les partis de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique et vidée de sa sève en raison des conditions posées par le FLN et le RND, la conférence nationale du consensus risque d'être rangée dans «le tiroir des objets trouvés» des actions politiques sans lendemain. L'ensemble des observateurs de la scène nationale ne donne pas cher de la démarche du plus vieux parti d'opposition. Ce n'est pourtant pas l'avis des cadres du FFS qui continuent à croire à leur mission qu'ils présentent comme la seule alternative viable dans le contexte politique actuel. Mohamed Nebbou, qui conduit l'initiative pour le compte de son parti, n'est certainement pas naïf au point de penser que rapprocher les points de vue entre le pouvoir et l'opposition est un jeu d'enfant. Il sait, comme l'ensemble des cadres de la formation politique qu'il dirige et également l'ensemble des acteurs politiques que la mission que s'est assignée le FFS n'est pas ce qu'on qualifierait de promenade de santé. La seule annonce de l'intention de la direction du parti de prendre langue avec les partis au pouvoir a provoqué, faut-il le rappeler, un grand tollé dans les milieux de l'opposition qui ne lui pardonnait déjà pas la participation aux concertations de Ouyahia et son absence à la conférence de la Cnltd de juin dernier. On aura compris, et les cadres du FFS le savaient parfaitement, que la conférence nationale du consensus était partie avec un désavantage plus qu'évident. Cela sans compter sur la «frilosité» du FLN, du RND, de TAJ et du MPA, à l'évocation d'une transition démocratique ou d'élection présidentielle anticipée. Sur le papier, le FFS était très loin de réussir quoi que ce soit. Personne n'entrevoyait une issue à pareille initiative et l'on allait jusqu'à se demander par quoi et comment commencer à parler de consensus lorsque les deux blocs qui font le paysage politique du pays se regardaient en chien de faïence. Mais il faut croire que l'adversité ambiante n'a pas empêché Nebbou et ses camarades d'y croire. Ainsi, rendez-vous après rendez-vous et conférence après conférence, l'initiative du FFS a effectivement pris sa place dans le paysage politique et s'est imposée comme une probable planche de salut pour un pays, en attente d'un déclic pour «passer à autre chose». Une autre chose qui demeure encore totalement floue, mais il faut bien en convenir, le parti d'Aït Ahmed a essayé d'en dessiner le contour non pas en termes de solution «clé en main», mais de la nécessité de dialoguer entre Algériens. En effet, en laissant l'ordre du jour de la conférence totalement ouvert, le FFS a mis en avant l'importance de tout mettre à plat et de parler en Algériens et entre Algériens de ce qui ne va pas, indépendamment du statut de l'un ou de l'autre. Beaucoup d'observateurs et des partis reprochent au FFS la non-maturité de son initiative au motif qu'elle ne cadre pas avec les exigences «standards» d'un dialogue politique. En fait, le FFS qui «navigue» pour la première fois, sans son leader charismatique, a bien compris que nous ne sommes pas en Algérie, dans une situation «standard». Et l'on aura deviné que la «maturité» que revendique le plus vieux parti d'opposition est la sincérité politique. En effet, depuis l'annonce de l'initiative, personne parmi le personnel politique ne peut remettre en cause la sincérité de la démarche. Et c'est cette qualité qui a amené des personnalités nationales et des partis politiques à rencontrer la délégation conduite par Mohamed Nabbou, pour la simple raison qu'ils avaient l'intime conviction qu'ils seraient écoutés. Et c'est cela la force du FFS. Ce parti est en train de «révolutionner» la pratique politique nationale en développant une grande capacité d'écoute. Si cette conférence du consensus national ne se tient pas ou finira en queue de poisson, ce ne sera sans doute pas de la faute de ses initiateurs. L'ensemble de la classe politique en portera la responsabilité. Mais l'opinion nationale aura été témoin d'une nouvelle façon de faire de la politique chez-nous. Cette expérience sera sans doute enrichissante, non pas seulement pour les cadres du FFS, mais également pour les militants de base qui auront appris que l'important en politique n'est pas de s'insulter copieusement, mais de savoir écouter l'autre, pour éclairer la voie aux générations futures. Bref, le Front des forces socialistes semble avoir trouvé sa voie de l'après Aït Ahmed. Une manière «sympathique» de pratiquer la politique. On connaîtra les résultats de cette démarche novatrice à l'occasion des prochaines consultations électorales.