L'armée tchadienne a lancé le 3 février son offensive terrestre au Nigeria contre Boko Haram en prenant Gamboru, tenue depuis des mois par les islamistes, après de violents bombardements et combats. De nouveaux combats ont opposé hier les islamistes de Boko Haram à l'armée tchadienne au Nigeria, où le président Goodluck Jonathan devait s'exprimer dans la soirée à la télévision sur la crise sécuritaire ayant entraîné le report de la présidentielle. Les islamistes nigérians de Boko Haram ont attaqué hier matin dans la ville nigériane de Gamboru (nord-est) une position de l'armée tchadienne, qui a repoussé l'assaut, a indiqué une source militaire tchadienne. Un soldat tchadien a été tué et huit blessés, a ajouté cette source, faisant état de «plusieurs éléments de Boko Haram tués». Trois véhicules des assaillants ont été détruits. «Les éléments de Boko Haram ont voulu nous surprendre en nous attaquant aux environs de 04h00 du matin (03h00 GMT). Nous étions au courant depuis la veille et étions préparés», a déclaré cette source, jointe à Gamboru depuis N'Djamena. «Ils sont arrivés avec 14 véhicules et deux blindés. Nous les avons repoussés et ils ont fui». «Un hélicoptère est mis à contribution pour les poursuivre et les détruire», selon cette source. L'armée tchadienne a lancé le 3 février son offensive terrestre au Nigeria contre Boko Haram en prenant Gamboru, tenue depuis des mois par les islamistes, après de violents bombardements et combats. Le lendemain, les islamistes avaient lancé une contre-attaque meurtrière contre la ville camerounaise de Fotokol, séparée de Gamboru par un pont. Le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Bénin se sont mis d'accord samedi pour mobiliser 8 700 hommes - soit 1 200 de plus qu'initialement annoncé - dans une force militaire multinationale de lutte contre Boko Haram. Ce dernier, qui affiche sa proximité idéologique avec Al Qaîda et le groupe Etat islamique, multiplie les raids meurtriers dans les pays voisins, comme au Cameroun et plus récemment au Niger, identifié comme cible mi-janvier par le chef du groupe, Abubakar Shekau. Le président camerounais Paul Biya a réaffirmé que le Cameroun allait vaincre les islamistes, dans une allocution retransmise mardi soir à la télévision d'Etat. M. Biya a demandé aux jeunes Camerounais de suivre l'exemple des soldats engagés sur le front depuis des mois. «Ce combat qu'ils mènent en notre nom, au péril de leur vie, est celui de toute la nation. Avec le soutien de chacun d'entre nous, il ne fait aucun doute que nous en sortirons vainqueurs», a-t-il assuré. Quant au Niger, il a décrété mardi soir l'état d'urgence dans la région de Diffa (sud-est), attaquée à plusieurs reprises depuis vendredi par les islamistes. Lundi, l'Assemblée nationale du Niger avait voté l'envoi de troupes pour combattre les islamistes. Quelque 750 soldats seront envoyés au Nigeria, selon un député. Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a promis la défaite à cette coalition qui se met en place, dans une vidéo diffusée lundi. «Votre alliance ne mènera à rien. Rassemblez toutes vos armes et affrontez-nous. Vous êtes les bienvenus!», a-t-il lancé. Dans ce contexte de guerre dans le nord-est du Nigeria, dans cette période électorale compliquée qui a vu les élections présidentielle et parlementaires reportées de six semaines, le président nigérian Goodluck Jonathan devait répondre aux questions des journalistes et des téléspectateurs en direct à la télévision nigériane, hier à 19h00 (18h00 GMT). Il s'agit de la première intervention publique du chef de l'Etat depuis le report très critiqué des élections, prévues le 14 février, au 28 mars.