Pour défendre, plus efficacement, le président Bouteflika, certaines associations font désormais bloc. Le mouvement associatif en Algérie, avec toutes les organisations qu'il englobe, est en ébullition. Mues par les opportunités «offertes» dans le cadre de la «nouvelle» configuration politique que Bouteflika, semble vouloir instaurer, vaille que vaille, de nombreuses associations ont, depuis peu, décidé de faire «cause» commune. Dès lors, le choix en termes de projets politiques n'est plus aussi varié comme ce fut le cas durant la décennie écoulée. L'unilatéralisme qui s'est exprimé autour du président de la République et la volonté de ce dernier de contrôler, au moindre détail, les rouages politiques, font de ce choix le seul et unique recours pour pouvoir continuer à graviter autour du système. Sous forme d'«alliances», très souvent contre-nature, l'objectif que visent les uns et les autres, est notamment de faire bonne figure, le jour où se décidera la distribution des rôles. Car, sonnées depuis la réélection de Bouteflika, certaines de ces entités, qui donnaient, jusqu'ici l'impression de ne plus suivre la direction du vent, tentent, depuis quelques mois, de se ressaisir en portant, à bras-le-corps, le programme présidentiel. C'est ainsi que trois parmi les plus médiatisées d'entres elles: l'Unja, la Cnec et l'Onvtad dont l'«idéologie» politique est loin d'être l'élément catalyseur, ont récemment décidé d'un commun accord, de «fusionner» pour «soutenir le processus de réconciliation nationale et concrétiser le programme du président de la République» comme il est noté dans le communiqué qui a sanctionné la naissance de l'union. Sur les pas de l'Alliance présidentielle (RND, MSP, et FLN) les trois partenaires comptent, ainsi, revigorer le mur de «soutien» au chef de l'Etat, avec une touche associative, plus sociale, estiment-ils. L'autre «pacte»: l'Alliance présidentielle du mouvement associatif de la société civile, contractée à la veille de l'élection présidentielle pour soutenir la candidature de Bouteflika, s'évertue, elle aussi, à occuper les devants de la scène. Jeudi dernier, Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale et président de ce «cartel» d'organisations, a installé les 48 coordinateurs de wilaya qui s'occuperont, à appuyer, sur le terrain, la réalisation du programme du chef de l'Etat. «Convaincu» du «plus» que son alliance apportera à l'action présidentielle, le ministre, a mis en avant, à cette occasion, les trois points cruciaux sur lesquels se fond l'essence même de cette nouvelle entité: Paix, solidarité et réconciliation. Mais au-delà, de l'engagement politique et des symboles démocratiques et réconciliateurs qu'agitent, sans relâche, les grosses «cylindrées» de la vie associative, se profilent, tantôt en filigrane, tantôt au grand jour, cette volonté de glaner le maximum de privilèges et, par là même, faire main-basse sur les postes politiques. Et pour que soit préservée à jamais la rente, l'on est prêt, au sein de ces alliances, de fredonner toutes les chansons et soutenir, sans scrupule aucun, celui ou ceux, qui partagent le plus étroitement cette vision, aussi rétrograde soit-elle. Certains observateurs, quant à eux, en évoquant cette nouvelle forme d'expression sociale, parlent de l'utilisation de ces organismes, par des «cercles» au pouvoir, comme un moyen pour faire pression sur les décisions politiques qui sont prises dans les hautes sphères de l'Etat. La dernière élection présidentielle en a été l'illustration parfaite. Une nuée de mouvements avait, rappelle-t-on, surgi, pour soutenir, chacun à sa manière, le candidat choisi. Mais une fois Bouteflika élu, la débandade a été telle que même les détracteurs les plus virulents du président de la République, avaient spectaculairement fait volte-face. La rente a parfaitement dicté ses règles. Les principes, c'est pour plus tard...