Le voeu exprimé par les pouvoirs publics ne s'est pas réalisé, malgré les milliards de dollars investis dans les secteurs du commerce et de l'agriculture Que s'est-il donc passé plus de 7 ans après avoir débloqué le premier dinar? La réponse, nous la voyons dans la mine défaite des consommateurs à chaque fois qu'ils vont faire leur marché. Les prix des produits de large consommation connaissent ces derniers temps une hausse qui, faut-il le souligner, agace les consommateurs moyens, au motif que cette inflation ne peut trouver sa justification dans bon nombre des cas. Néanmoins pour certains produits, il est admis de parler d'inflation importée, en raison de la structure du commerce extérieur national portée essentiellement vers l'import. Les observateurs estiment normale une augmentation des prix des légumes secs, lorsque ce produit est mieux coté sur le marché international. Il faut dire qu'à l'exception de la poudre de lait, la semoule, l'huile et le sucre, pour lesquels l'Etat garantit un prix fixe et administré, le reste des importations est soumis au coût du marché international. En d'autres termes, l'Algérien achète au même prix que le Tunisien et l'Islandais. Il reste que ce qui est valable pour les produits importés ne devrait absolument pas l'être pour la production locale de fruits et légumes. Même si les prix de ces derniers sont libres et n'obéissent qu'aux règles du marché, au regard de la loi, il demeure que le niveau «astronomique» qu'ils atteignent par moment amène à soupçonner l'existence dans les rouages de la machine commerciale nationale un véritable réseau de spéculateurs, voire même un lobby qui empêche la mise en place d'un système de régulation digne de ce nom. En fait, tous les spécialistes s'accordent à dire qu'un système commercial efficace repose sur un certain nombre d'infrastructures indispensables pour avoir un minimum d'efficacité. Les marchés de gros, les chambres froides, les grandes surfaces et les marchés de proximité en constituent les éléments indispensables. Tous les ministres du Commerce et de l'Agriculture qui se sont succédé ont tenté de développer un modèle commercial aux normes mondiales. Il n'y avait rien à inventer. Il s'agissait de doter ledit système des infrastructures nécessaires à son épanouissement et partant, garantir une disponibilité de tous les produits à des prix qui assurent une rentabilité à tous les acteurs de la chaîne. Cela relève du voeu des plus hautes autorités du pays. D'importantes sommes d'argent ont été débloquées par l'Etat pour réaliser des marchés de gros et des complexes d'abattage, des chambres froides. Bref, tout le dispositif destiné à fluidifier la pratique commerciale, la connecter avec le monde de la production agricole. En prime, le ministère de l'Agriculture a mis en place des offices publics dédiés à organiser les professionnels et les canaliser dans le sens d'une efficacité optimale, tant au plan de la production qui devait augmenter que la commercialisation appelée, en principe, à placer le consommateur au coeur du système. Que s'est-il donc passé plus de 7 ans après avoir débloqué le premier dinar? La réponse, nous la voyons dans la mine défaite des consommateurs à chaque fois qu'ils vont faire leur marché. Retenons donc que les marchés de gros n'ont toujours pas vu le jour, la capacité globale des chambres froides est ridiculement basse et ne parvient même pas à stocker 10% des productions, les Offices interprofessionnels tournent à vide et prouvent quotidiennement leur inefficacité. En un mot, le voeu exprimé par les pouvoirs publics ne s'est pas réalisé, malgré les milliards de dollars investis dans les secteurs du commerce et de l'agriculture. On en est arrivé à se poser la question sur cette incompétence caractérisée d'un gouvernement qui ne parvient pas à mettre en place un système efficace, à même de sauvegarder le pouvoir d'achat du consommateur. Cette incapacité à réaliser une «architecture commerciale» somme toute banale dans n'importe quel pays du monde, fait le bonheur des spéculateurs qui agissent artificiellement sur les niveaux des prix et entretiennent au su et au vu de toutes les autorités une inflation provoquée... Face à cette situation, tous les ministres du Commerce des 30 dernières années répondent que les prix sont libres et tentent de minimiser le déficit de l'Etat à réguler le commerce interne. Ils montrent une certaine fatalité devant les spéculateurs.