Pour résorber ce manque, le ministère a mis en place une batterie de mesures. En sus du manque criant de places pédagogiques, l'université algérienne souffre d'une façon flagrante du déficit d'encadrement. Selon le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M.Rachid Harraoubia «il n'y a que 3442 professeurs et maîtres de conférences à faire partie des 23.205 enseignants assurant actuellement les cours aux 647.371 étudiants inscrits dans nos établissements universitaires.» Cette crise est d'autant plus inquiétante qu'on se demande déjà comment on va procéder pour assurer un enseignement de qualité à cette foultitude d'étudiants dont le nombre ne cesse d'augmenter. Pour résorber ce déficit, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a, d'ores et déjà, mis en place une batterie de mesures qui seront appliquées dès la prochaine rentrée universitaire. Selon M. Mustapha Haouchine, cadre au département de l'Enseignement supérieur, trois mesures principales sont prévues. Il s'agit, primo, de l'augmentation des plages horaires des établissements universitaires au-delà de 16h. C'est ainsi que la tutelle entend laisser les portes des facultés ouvertes jusqu'à 18h, voire 19h dans certains cas. Cette mesure «permettra de rentabiliser et le corps enseignant et les places pédagogiques». Cependant, cela exige la réalisation d'un bon nombre de conditions susceptibles de faciliter la tâche aux étudiants, comme par exemple la garantie de la disponibilité du transport. Cette mission incombe à l'Office national des oeuvres universitaires (Onou) qui est désormais appelé à redoubler d'efforts afin d'assurer l'amélioration de la situation. La seconde mesure que prévoit la tutelle est de rallonger les horaires de travail des professeurs et maîtres de conférences de 8 heures à 12 heures par semaine. Cette disposition concerne notamment les encadreurs enseignants les filières lettres et sciences humaines qui accusent un encadrement insuffisant alors que ce sont ces branches-là aussi qui accueillent le plus grand nombre d'étudiants. A souligner que les enseignants qui seront appelés à accomplir des horaires supplémentaires seront rémunérés à 900 DA l'heure. Quant à la troisième mesure, elle concerne le recrutement des cadres hautement qualifiés, des professeurs et des maîtres de conférences. Dans cette optique, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique compte «recruter quelque 24.400 nouveaux enseignants pour faire face au million d'étudiants attendus à l'horizon 2008». Dans cette optique, il convient de signaler que la norme internationale est de 1 enseignant pour 15 étudiants alors qu'en Algérie elle est de 1 pour 28 étudiants. Selon M.Mustapha Haouchine, le département de l'Enseignement supérieur compte aussi lancer ses écoles doctorales dont le rôle essentiel est la formation des cadres hautement qualifiés. D'autant que le département de Rachid Harraoubia va incessamment faire appel à un certain nombre d'enseignants étrangers. Cette mesure s'inscrit dans le cadre de la coopération qu'entretient l'université algérienne avec les universités étrangères: françaises, canadiennes, arabes mais aussi celles des pays de l'Europe de l'Est. Ces dernières, selon notre interlocuteur, disposent de brillants enseignants qui peuvent faire bénéficier nos étudiants de leurs hautes capacités scientifiques. A cet effet, l'Algérie est entrain d'instaurer un cadre juridique et financier qui incitera mais aussi facilitera la venue de ces enseignants. Aussi, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique compte-t-il recourir aux encadreurs algériens enseignants dans les universités étrangères, d'ailleurs, selon M.Haouchine, «plusieurs d'entre eux ont émis le voeu de venir en Algérie pour faire bénéficier notre pays de leur longue expérience dans les domaines de l'enseignement et de la recherche». A noter à cet effet, qu'un budget spécial leur sera alloué ainsi qu'à la recherche scientifique. Cela va certainement encourager le retour de tous ces cerveaux qui ont fui le pays à cause du manque de considération qu'ils subissaient.