Au cinquième jour de la déferlante qui a englouti les quartiers pauvres de Bab El-Oued, les opérations de sauvetage commencent à s'organiser. Des cordons de sécurité ont été placés autour des zones les plus touchées. Il n'y a sur place que les professionnels qui travaillent sans relâche pour soustraire les cadavres aux tonnes de décombres. L'espoir de trouver des survivants sous la boue et les tas de ferraille est malheureusement minime. Les éléments du Génie militaire et les 2.500 agents de la Protection civile déployés sur place travaillent d'arrache-pied pour dégager la zone, afin de permettre les opérations de recherche. Les rues de Bab El-Oued reprennent difficilement vie, les vivres et denrées alimentaires sont acheminées, même tardivement, vers les centres de distribution pour être, par la suite, acheminées aux milliers de familles sinistrées encore sous le choc. Les choses semblent entrer, petit à petit, dans l'ordre, malgré le climat de colère et de tension qui règne. Les citoyens de la cité reprochent aux autorités leur laxisme quant aux interventions jugées lentes, aux premières heures du drame. «Des vies pouvaient être épargnées», nous confiait un jeune. Habitant Oued Koriche, ce jeune homme relève que la colère a atteint son paroxysme, «mais ce n'est pas une raison pour céder à la manipulation». «La chasse aux mauvais gouvernants viendra après», dit-il. «L'important, c'est de trouver les disparus, les enterrer décemment et porter aide aux familles toujours dans le désarroi.» Les bulldozers de l'armée ont, par ailleurs, dégagé une bonne partie du site du marché Triolet. C'est là où l'on estime l'existence du plus grand nombre de corps. Des sauveteurs marocains et français sont déjà sur les lieux. Ces équipes ont effectué, mardi, une mission de reconnaissance. Quatre maîtres-chiens en compagnie d'une trentaine de sauveteurs français sont déjà opérationnels sur place pour faciliter la recherche des corps. Laissant les opérations de sauvetage aux professionnels, l'élan remarquable de solidarité citoyenne se concentre de plus en plus en direction des familles sinistrées. Chacun comme il peut, des milliers d'Algériens se sont portés volontaires en se joignant aux éléments du Croissant-Rouge et aux jeunes scouts. Par ailleurs, les rues de Bab El-Oued restent tout de même difficiles d'accès en raison de la gigantesque fourmilière qu'est devenu le quartier. Chercher des morts et redonner vie à ce quartier martyrisé. Bab El-Oued n'a pas cédé.