Le siège du FLN Ni la direction du parti, ni les adversaires de Saâdani ne peuvent avancer la moindre date pour la tenue du congrès. Le FLN, parti majoritaire au niveau de toutes les institutions, de la base jusqu'au sommet, navigue à vue. A quelques jours seulement de l'expiration du mandat de la direction actuelle, qui interviendra statutairement au milieu du mois de mars, la date du 10e congrès n'est pas encore arrêtée. Mieux encore, le secrétaire général du parti, Amar Saâdani a pris la décision de reporter l'échéance jusqu'après la révision de la Constitution. Or, personne ne peut prétendre savoir quand le Texte fondamental sera révisé, la décision dépendant exclusivement du chef de l'Etat. Conséquence: personne ne sait quand le congrès sera tenu. «Je ne peux pas deviner quand la Constitution sera révisée et encore moins quand le congrès pourra être tenu», a avoué Saïd Bouhedja, chargé de communication du parti, joint hier au téléphone. Le FLN est dès lors dans un flou total.Abstraction faite de la déclaration de M.Saâdani, selon laquelle la Constitution sera revue le mois d'avril prochain, étant donné que d'autres annonces similaires ont déjà été faites mais sans être réalisées, le porte-parole du parti estime que les choses peuvent s'éclaircir davantage durant le mois de mars en cours. Notre interlocuteur admet également que, compte tenu de la division des rangs, les conditions de l'organisation du congrès ne sont pas encore réunies. «Il faut d'abord préparer le climat pour un congrès rassembleur», a-t-il dit, précisant que la direction actuelle du parti n'est pas inquiète en raison de l'approche de la fin de son mandat. Pour M.Bouhedja, le problème réside plus dans la préparation des conditions que dans le report du congrès. «La préparation est facile. On peut le faire en un mois seulement», a-t-il soutenu. Mais pour une direction qui ne s'encombre pas de formalités pour envelopper la violation des statuts du parti, la question ne se pose pas en ces termes. La deuxième session du comité central, censée se tenir le mois de décembre dernier n'a pas eu lieu. Le congrès est reporté sans consultation du comité central, seule instance souveraine entre deux congrès. C'est, en gros, ce que reproche Abderahmane Belayat, meneur des frondeurs, à l'équipe conduite par Amar Saâdani, installé à la tête du parti le 29 août 2013, lors d'une session très houleuse du comité central. Pour M.Belayat, le congrès doit être obligatoirement convoqué ce mois de mars 2015. Selon lui, s'il n'est pas convoqué, le comité central reste souverain. Quant à la direction actuelle, il refuse de reconnaître sa légitimité. Il soutient que Amar Saâdani est un «indu occupant» du poste de secrétaire général et du siège national du parti. Le flou est intenable pour les opposants de la direction nationale. «Saâdani ne restera pas à la tête du parti», assure M.Belayat, joint hier au téléphone. Notre interlocuteur rappelle que la 2e session du comité central n'a pas été convoquée fin 2014. Il ajoute que toutes les voies seront épuisées pour la tenue d'une telle session. «Il y aura deux points à l'ordre du jour: élection d'un secrétaire général et installation de la commission nationale de préparation du congrès», a-t-il expliqué. Il ajoute: «On va relancer la démarche. On va s'adresser au wali d'Alger pour autoriser la réunion, s'il refuse, on s'adressera alors au ministère de l'Intérieur et si ce dernier nous opposera le même refus, on va s'adresser à la justice pour demander l'application des textes du parti.» M.Belayat qui en appelle à Bouteflika pour débloquer la situation précise que d'autres démarches seront lancées pour faire annuler «les fausses» nouvelles mouhafadhas créées par Saâdani, accusé de vouloir organiser un congrès sur mesure. En tout état de cause, nombreux sont les membres du comité central qui estiment que «c'est paradoxal que le parti majoritaire qui trône sur toutes les institutions soit dans un pareil flou». Jusqu'à quand?