Le parti n'arrive toujours pas à retrouver ses marques Alors que Amar Saâdani a décidé de reporter le congrès, Abderrahmane Belayat estime que ce rendez-vous doit se tenir obligatoirement au mois de mars. Le prochain congrès du Front de libération nationale (FLN), censé se tenir le mois de mars 2015, si les délais réglementaires sont respectés, ne se prépare pas sous de bons auspices. Le parti n'arrive toujours pas à retrouver ses marques. La décision du secrétaire général du parti, Amar Saâdani, de reporter le congrès jusqu'après la révision de la Constitution, sans consultation du comité central, aggrave la situation. La division des rangs risque de peser lourd sur le cours des événements. D'un côté, la direction nationale menée par le secrétaire général, Amar Saâdani, qui peine à entamer la préparation du congrès étant branchée plutôt sur ce qui se trame au sommet de l'Etat, avec la prochaine révision de la Constitution et un éventuel remaniement ministériel. D'ailleurs, la commission nationale de préparation du congrès, installée depuis plus de trois mois par le secrétaire général, n'a pas encore entamé son travail. De l'autre côté, les adversaires menés par Abderrahmane Belayat, ancien coordinateur du bureau politique, qui ont relancé «l'instance unifiée de la direction du parti» et comptent organiser leur propre congrès. Enfin, le mouvement de redressement, conduit par Abdelkrim Abada, qui est revenu à la contestation, après une période de répit. Comment alors organiser un congrès dans de telles conditions? Saïd Bouhedja, chargé de communication du parti, reconnaît que la préparation n'est pas commencée. «Il faut d'abord redresser les structures. On ne peut pas aller vers un congrès sans la base», souligne-t-il. Joint au téléphone, il ajoute qu'aucune échéance n'est fixée pour la tenue du congrès. Le secrétaire général du parti avait annoncé que le FLN tiendra son congrès après la révision de la Constitution. Or, personne ne peut prétendre savoir quand cette Constitution sera révisée, en raison de l'indécision du chef de l'Etat, qui monopolise toutes les prérogatives. Concernant les menaces des opposants, M.Bouhedja indique qu'ils sont inclus dans la commission nationale en leur qualité de membres du comité central. «S'ils ne veulent pas travailler, qu'ils assument leur choix. A moins qu'ils veulent créer un autre parti politique, ils ne peuvent pas organiser un congrès parallèle», lance-t-il, confiant. «On leur demande de travailler dans le cadre de cette commission nationale pour organiser un congrès rassembleur et sortir une bonne fois pour toutes de la crise», poursuit-il. Mais les adversaires ne l'entendent pas de cette oreille. Abderrahmane Belayat persiste et signe: «La direction actuelle est illégale et illégitime». Joint au téléphone, M.Belayat souligne que «l'indu occupant», en référence à Amar Saâdani, n'a pas convoqué la deuxième session du comité central qui devait se réunir le mois de décembre 2014. «Le congrès doit être obligatoirement convoqué le mois de mars 2015», précise-t-il, accusant la direction nationale de fuite en avant. Il a fait savoir que les opposants vont s'adresser à l'administration pour avoir une autorisation de réunir le comité central et arrêter une date pour le congrès. «Si nous n'avons pas satisfaction, nous poursuivrons la préparation du vrai congrès», a-t-il dit.Cela au moment où le mouvement de redressement, conduit par Abdelkrim Abada, monte au créneau. Il dénonce le report unilatéral du congrès sans consulter le comité central, accusant Amar Saâdani de vouloir organiser un congrès sur mesure. Lors d'une réunion samedi dernier à Tiaret, le mouvement a annoncé l'organisation d'une conférence nationale, appelant les militants à se mobiliser contre la «déviation dangereuse» de la ligne du parti. Pour les observateurs, le pari est certes difficile mais pas impossible pour la direction nationale sous la conduite de Amar Saâdani, accusé justement par ses adversaires de vouloir se tailler un congrès à sa juste mesure. «Saâdani bénéficie du soutien de celui qui l'a imposé à la tête du parti et c'est lui qui se chargera de lui organiser le congrès. L'opposition, même si elle est forte, n'a aucune chance si Saâdani ne perd pas, entre-temps, ce soutien», indique un membre du comité central du parti. Pour ce dernier, ses collègues du comité central craignent qu'on leur joue un mauvais tour, comme celui joué à l'Ugta. «Si ce tour est joué, cela veut dire qu'il y a un complot contre le parti», conclut-il.