Les rebelles hutus rwandais des FDLR évitent le combat et préfèrent fuir devant l'offensive que l'armée congolaise a lancée contre eux dans les provinces des Nord et Sud Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, ont affirmé hier des sources militaires. «Nous avançons vers les objectifs que notre hiérarchie nous avait recommandés», mais «l'ennemi ne combat pas», a déclaré un officier sur le front au Nord-Kivu. «Jusqu'où vont-ils fuir? C'est notre inquiétude. On risque de mettre beaucoup de temps pour mettre fin à ce mouvement, mais une chose est sûre, ils seront affaiblis», a-t-il estimé. Au Sud-Kivu, l'armée pourchassait également des rebelles fuyant l'affrontement. «Actuellement, nous les poursuivons (...) dans le groupement de Burhinyi, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Bukavu (capitale du Sud-Kivu), où ils ont fui», a déclaré un officier. L'armée a lancé mardi au Sud-Kivu et jeudi au Nord-Kivu son offensive très attendue contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr), dont des chefs sont accusés d'avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda (800.000 morts selon l'ONU). Au Nord-Kivu, les opérations se déroulent dans le territoire de Rutshuru, frontalier du Rwanda et de l'Ouganda, et plus précisément dans le parc des Virunga, classé au patrimoine mondial de l'Unesco et repaire de plusieurs groupes armés. Au Sud-Kivu, l'armée avait lancé son offensive dans la région de Mulenge, dans le sud de la province. Comme la situation y est «totalement sous contrôle», elle évolue désormais au nord de Mulenge, selon l'officier. Toutefois, un observateur militaire a expliqué que les FDLR se trouvent «plus à l'ouest» de Mulenge. Ces rebelles - entre 1500 et 2000 hommes, très implantés dans la population locale - sont accusés de commettre de graves exactions contre les civils congolais (meurtres, viols, enrôlement d'enfants, pillages...) et de se livrer à de lucratifs trafics de bois et d'or. La Mission de l'ONU (Monusco) avait promis un soutien logistique, stratégique et opérationnel à l'offensive de l'armée, mais elle l'a retiré quand Kinshasa a refusé de changer deux généraux chargés de piloter des attaques au Nord-Kivu, et que l'ONU soupçonne de graves violations des droits de l'Homme. L'est de la RDC, riche en minerais précieux, est une région instable depuis vingt ans. Plusieurs dizaines de groupes armés locaux et étrangers s'y disputent ses richesses et commettent de graves exactions contre les civils.